dimanche 11 février 2007

Est-ce bien à la Ville de Lausanne de concurrencer Swisscom?

Est-ce bien à la Ville de Lausanne de concurrencer Swisscom?

MULTIMÉDIA Après la télévision et Internet, Lausanne complète son offre sur le câble avec la téléphonie fixe. Certains estiment que ce n’est pas le rôle d’une collectivité publique de développer ces services.

JULIAN PIDOUX
Publié le 10 février 2007

TÉLÉPHONE: Citycable vient de lancer Cityphone . Martine Favre, cheffe du multimédia de la ville de Lausanne, et son chef des projets Pierre-Alain Steffen posent devant les nouveaux écrans de contrôle du réseau câblé de la ville de Lausanne. / FLORIAN CELLA
TÉLÉPHONE: Citycable vient de lancer Cityphone . Martine Favre, cheffe du multimédia de la ville de Lausanne, et son chef des projets Pierre-Alain Steffen posent devant les nouveaux écrans de contrôle du réseau câblé de la ville de Lausanne. / FLORIAN CELLA

Lausanne a passé un cap important dans sa politique multimédia. Après s'être affranchie des fournisseurs Urbanet et VTX en août 2005, pour constituer sa propre entité Internet Citycable, la capitale vaudoise vient de se lancer dans la téléphonie fixe. Deux prestations auxquelles s'ajoute la télévision, toutes diffusées sur le câble. La ville tient son «triple play»: trois services, un seul support et une facture unique pour ses clients (lire ci-dessous).

Mais cette stratégie dérange. Certains estiment qu'une collectivité publique n'a pas sa place sur ce marché. C'est le cas de Marc Comina qui trouve le principe «saugrenu». Membre du Parti radical lausannois et candidat au Grand Conseil, il affirme que «le multimédia ne fait pas partie des tâches essentielles d'une ville, comme l'éducation ou la sécurité.»

Un avis que le centre droite ne partage pas tout à fait, comme l'explique Mathieu Blanc, président de LausannEnsemble: «Tant que les fonds publics ne créent pas une concurrence déloyale pour le privé, il faut reconnaître que Citycable engendre des rentrées intéressantes». Principal concurrent de Citycable sur le territoire communal, Swisscom s'étonne toutefois de cette situation. Christian Neuhaus, porte-parole: «Il est surprenant de voir qu'au niveau national l'Etat se libère d'une partie de ses actions Swisscom, alors que des villes investissent dans leur propre réseau.»

Habitué à ces remarques, Jean-Yves Pidoux, directeur des Services industriels (SI), ne cache pourtant plus son irritation. Et au magistrat écologiste de rappeler la présence historique du téléréseau à Lausanne. «A l'époque, c'est la topographie difficile qui avait mené à cette solution. Plus récemment, les élus ont accepté de rénover le câble. Il faut rentabiliser ces investissements.» Un amortissement qui passe par une diversification nécessaire, au risque de voir une partie des 73 000 abonnés du téléréseau lausannois (environ 26% des ménages vaudois) préférer le géant bleu qui propose aussi téléphone, Internet et télévision. En outre, le municipal maintient que la communication et l'information sont vitales pour les citoyens et donc «assimilables aux tâches d'un service public».

Si Marc Comina ne conteste pas l'importance du multimédia, il insiste sur le fait qu'«une commune n'a pas à s'enrichir sur le dos du contribuable avec ces services. C'est un impôt déguisé. Ce d'autant plus que Lausanne a le monopole de son réseau, empêchant d'autres opérateurs câblés comme Cablecom d'appliquer des méthodes plus agressives et concurrentielles face à Swisscom». Une main mise que Jean-Yves Pidoux conteste, en rappelant que «l'entretien de cette fibre optique permet aussi à des sociétés privées de la louer, afin de développer leurs activités».

Pour mettre un terme à cette «incohérence», Marc Comina suggère de vendre l'entité Citycable, dont le produit «contribuerait à rembourser la dette lausannoise. Pourquoi pas un premier pas vers une libéralisation des Services industriels». Une démarche qui ne passerait pas inaperçue. Claude Hildenbrand, directeur de Cablecom pour la Suisse romande, avoue que «si Lausanne vendait son téléréseau, il est clair que nous ferions une offre».

Trois opérateurs qui se disputent le marché du triple play lausannois

J.PX

CITYCABLE Ce service est disponible dans la capitale vaudoise et les communes desservies par le téléréseau lausannois. Pour bénéficier du triple play par le câble il faudra compter 90 francs par mois. Soit 19 francs pour l'abonnement du téléphone, 46 francs pour Internet 3000/300 (location du modem comprise), 25 francs pour la télévision (50 programmes analogiques et une vingtaine de chaînes numériques francophones).

SWISSCOM Accessible sur la majorité du territoire, le géant bleu propose aussi le triple play, mais par la prise du téléphone. Pour les trois prestations, la facture sera d'environ 104 francs par mois. Afin de bénéficier d'une offre comparable à celle de Citycable, les tarifs Swisscom se déclinent ainsi: 25 francs pour l'abonnement téléphonique de base, 49 francs pour l'ADSL 3500/300 et dès 30 francs pour la centaine de chaînes numériques de Bluewin TV.

CABLECOM
Comme l'opérateur lausannois Citycable, Cablecom propose ses prestations via le câble. Mensuellement, le triple play sera de l'ordre de 92 francs. C'est-à-dire 45 francs pour l'Internet 3000/300, 27 francs pour quelque 100 chaînes numériques (tarif valable dès le 1er avril) et 20 francs pour l'abonnement du téléphone.

COMPARAISON Il faut préciser que ces offres ne sont pas tout à fait comparables et méritent d'être étudiées, en fonction de vos besoins et habitudes. Hors options, le téléphone est, par exemple, moins avantageux chez Swisscom que chez Citycable. Mais il ne faut pas oublier que le géant bleu propose dans son prix de triple play un enregistreur à disque dur. Option qui n'est pas comprise dans le prix de base de Cablecom.

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