PAM poursuit son expansion
COMMERCE DE DÉTAILLa société de distribution valaisanne rachète Magasins des Alpes - Intermarché et Sodirom à Monthey. Elle va s’allier à la grande centrale européenne de Système U. Jean-Claude Gonnet reste à la tête du groupe alors que Bertrand Monnier concentre ses activités sur Madagascar. Interview de Jean-Marc Roduit, directeur opérationnel.
Jean-Marc Roduit, patron de tout le secteur opérationnel de PAM S.A., Valrhône Achats S.A., Valrhône Logistics S.A., Frigo-Rhône S.A. dément les rumeurs qui circulent à propos des administrateurs français Bertrand Monnier et Jean-Claude Gonnet. Le premier se concentre sur les activités industrielles de production et de commercialisation des fermes de crevettes et de crabe de Madagascar tout en restant très proche de la direction générale du groupe. Le second conserve la présidence du conseil d'administration de La Valaisanne Holding, LVH, maison mère de PAM S.A. Jean-Marc Roduit assure que le groupe retrouve lentement la santé financière. Il poursuit par ailleurs son expansion par le rachat de Magasins des Alpes et Intermarché à Bex ainsi que de la centrale Sodirom à Monthey et veut, dans un avenir proche, constituer une coopérative au niveau national. De plus, Distribution Suisse (holding) S.A. vient de conclure une alliance avec le grand groupe européen Système U. Entretien.
Monsieur Roduit, articles de journaux de la presse alémanique et rumeurs de café du commerce ne ménagent guère MM. Jean-Claude Gonnet et Bertrand Monnier. Ceux-ci présentent-ils toutes les garanties pour occuper leurs postes?M. Monnier portera son effort principal sur les fermes de crevettes et de crabe à Madagascar et de promotion en Europe tout en restant très proche de la direction générale et en représentant l'actionnariat familial majoritaire au sein de celle-ci. La société Fair Madagascar qu'il dirige avec compétence s'impose une charte écologique sévère dans le but de mettre sur le marché des marchandises qui répondent aux exigences actuelles en matière de qualité et de développement durable. En plus de fournir des emplois sur place, Fair Madagascar s'implique au côté de PAM Solidarité dans l'humanitaire. Une action en faveur des droits de l'enfant se dessine en collaboration avec l'institut Kurt-Bösch et M. Jean Zermatten, membre du comité des droits de l'enfant des Nations Unies qui coordonne l'opération avec Bertrand Monnier. On est donc loin de ces détestables rumeurs. MM. Monnier et Gonnet ont d'ailleurs demandé un droit de réponse à la suite d'un article du «Tages-Anzeiger» les mettant en cause. Ces attaques contre certains dirigeants visent à affaiblit PAM. Si quelqu'un a des reproches à formuler qu'il le fasse devant l'assemblée générale où les personnes incriminées peuvent se défendre et non sur la place publique.
Et M. Gonnet. Reste-t-il à la tête de LVH?M. Gonnet a obtenu la confiance des actionnaires et collabore harmonieusement avec la nouvelle direction. Il conserve son poste de président du conseil d'administration de LVH. Ce qui change, c'est la manière de gérer l'entreprise. Une distinction nette va séparer la direction opérationnelle et le conseil d'administration. Ce dernier intervenait auparavant dans les problèmes opérationnels ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Désormais, le pouvoir institutionnel supervisera le pouvoir opérationnel qui bénéficiera d'une marge de manoeuvre plus importante. Nous avons aussi restructuré notre organigramme et réduit le nombre des sociétés chapeautées par LVH en vue d'économies d'échelle et d'une plus grande efficacité de gestion. Chaque entité a sa culture propre qui s'affronte parfois avec celle de la voisine. Avec un management unique, on évite ces frottements et les effets de frein qu'ils induisent.
On dit que LVH a financé les fermes malgaches. Qu'en est-il?LVH a effectivement contribué au lancement des fermes de crevettes à Madagascar et au développement des sites de production. Mais, tous ses engagements sont couverts par une garantie de l'actionnariat familial majoritaire de la société. Donc, aucune crainte à avoir de ce côté-là. Il faut relever la création et le maintien de plus de 800 emplois.
Le redressement initié à la fin de l'année dernière se confirme-t-il?Nous pouvons annoncer une augmentation du chiffre d'affaires de 8,7% à fin mars qui confirme la tendance à la hausse de fin 2007. Ces résultats proviennent d'une spirale gagnante qui voit la motivation du personnel augmenter avec le nombre de clients et celui-ci croître avec la motivation du personnel. De plus, l'actionnariat familial majoritaire a décidé de libérer 7,5 millions de francs et d'augmenter le capital de la même somme. Ces 15 millions en cash nous permettent d'amortir nos dettes, de régler les paiements selon les normes de la profession. Ce succès commercial et cet apport d'argent frais, alliés à une gestion drastique des frais généraux me permettent de dire que PAM se porte beaucoup mieux.
Cette bonne santé retrouvée incite au développement, avez-vous de nouveaux projets?Tout d'abord, nous allons discuter avec Coop pour la reprise d'une partie des 20 000 mètres carrés de surface de vente que la coopérative doit céder à des acteurs de la distribution selon une décision de la Comco. Cela nous permettra une meilleure pénétration du marché notamment dans les cantons de Genève, Fribourg et du Tessin. Nous voulons acquérir tout magasin intéressant jusqu'à 2000 mètres carrés, pas seulement de petites épiceries de village. Naturellement, nous privilégions la proximité sauf en cas de concurrence directe avec un de nos commerces déjà installé. Cette nouvelle dynamique va se concrétiser rapidement avec la réouverture probable de notre supermarché d'Eyholz dans le Haut-Valais, une région où la clientèle n'aurait autrement que le choix Coop-Migros, suite à la reprise de Carrefour par Coop. Nous avons aussi racheté les Magasins des Alpes, une société du groupe Intermarché basée à Bex, ainsi que la centrale Sodirom, centrale de vins, boissons et spiritueux à Monthey. Nous renforçons ainsi notre pénétration dans les Chablais valaisan et vaudois et jusqu'à Lausanne avec 20 enseignes nouvelles. Nous ne voulons en aucun cas avaler les petits détaillants mais plutôt les accompagner dans leur développement et les renforcer en leur offrant un approvisionnement fiable et une collaboration profitable aux deux parties. Un exemple pour comprendre l'importance de cette acquisition: le magasin principal de la station de Morgins porte l'enseigne Intermarché.
Comment allez-vous assumer cette croissance?Nous avons signé un accord avec la grande centrale d'approvisionnement européenne de Système U qui pèse près de 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Grâce à des économies d'échelle, nous pourrons nous approcher de l'idéal de tout distributeur, acheter le bon produit au bon prix, la seule manière de garantir un rapport qualité-prix qui retienne l'attention des clients. Nous pourrons ainsi lancer plus facilement notre gamme de produits premier prix qui se veut légèrement plus avantageuse que M-Budget ou Prix Garantie de Coop. Nous comptons beaucoup sur cette offre pour assurer le succès de nos magasins de village où l'on pourra se fournir en marchandises de base au même prix qu'en plaine. La collaboration européenne va nous permettre de créer une coopérative sur le plan national à laquelle les indépendants pourront adhérer. Chacun y aura une seule voix, qu'il détienne une ou mille parts. Je tiens beaucoup à cette coopérative qui me rappelle mes débuts au service des Laiteries réunies Sion-Bramois - La Source. Je me réjouis de retrouver cet esprit de solidarité témoin d'une époque où personne ne sacrifiait son âme sur l'autel de l'argent. Sur le plan logistique, nous avons concentré nos stocks à Bussigny d'où l'approvisionnement se fera au maximum par le rail. A Frigo-Rhône à Charrat, nous concentrons tous les achats de produits frais et les produits du terroir avec un accent particulier sur la production valaisanne. Un nouvel outil informatique nous permet une gestion en flux tendu qui limite les stocks au minimum. Notre système se veut écologique: transports ferroviaires chaque fois que c'est possible, magasins de proximité qui limitent le recours à la voiture pour faire ses courses (pas de CO2), limitation des emballages inutiles et frein aux frais de transports coûteux. C'est aussi le rôle et l'atout du magasin de proximité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire