TELECOMS. Carsten Schloter, directeur de Swisscom, réagit après la décision de la ComCom.
Anouch Seydtaghia
Samedi 24 novembre 2007
Jeudi, la Commission fédérale de la communication (ComCom) contraignait Swisscom (SCMN.VX) à offrir l'accès internet à haut débit durant quatre ans au prix du marché à ses concurrents (accès dit «bitstream»). Durant cette période, ils n'auront ainsi pas besoin d'investir pour offrir de nouvelles offres (à la différence du «full access»). La réaction de Carsten Schloter, directeur de Swisscom.
Le Temps: La ComCom estime que vous êtes en position dominante sur l'Internet à haut débit. Avec deux tiers du marché, c'est difficilement contestable...
Carsten Schloter: Si. D'abord, notre part de marché est nettement plus faible que celle d'autres opérateurs historiques européens. Ensuite, la Commission de la concurrence avait estimé en 2005 que compte tenu des offres des câblo-opérateurs, Swisscom n'était pas en position dominante. Aujourd'hui, Sunrise a beau jeu de dire que nous ne respectons pas les décisions politiques: la situation juridique ne semble pas claire. Nous allons étudier la décision de la ComCom de manière approfondie avant de se déterminer quant à la suite des opérations
- Swisscom impose des prix élevés et des contraintes importantes à ses concurrents qui veulent utiliser son «dernier kilomètre» via le mode «full access», qui requiert de lourds investissements. Il semble logique d'ouvrir rapidement votre réseau en «bitstream»...
- Il est important que nos concurrents offrent vite de nouveaux services sur l'ensemble du pays. Ils peuvent déjà le faire: nous leur proposons depuis quelques jours une offre leur permettant de vendre du haut débit et de la téléphonie via Internet illimitée pour 70 à 80 francs par mois, prix final pour le client. Si l'on nous impose un prix régulé pour le «bitstream», je crains qu'il ne nous permette même pas de couvrir nos investissements futurs, notamment en fibre de verre.
- Aujourd'hui, vous proposez tout de même du «full access» à plus de 30 francs à vos concurrents, soit davantage que les 25,25 que vous demandez à vos clients...
- Oui, mais avec ce prix ils peuvent créer aussi les offres à haut débit qu'ils veulent, à 30%, voire 40% en dessous de nos prix, et nous concurrencer sérieusement.
- Reste que vous avez une solide longueur d'avance avec le VDSL, qui ne sera pas ouvert à la concurrence, et qui permet d'offrir du très haut débit à 20 mbit/s.
- Certes, mais la volonté politique est de protéger ces nouveaux investissements. Parce qu'en face de nous, nous avons des câblo-opérateurs qui effectuent de gros efforts pour moderniser leurs réseaux pour offrir dans 18 mois du 50 mbit/s. Je vous rappelle qu'ils peuvent couvrir 98% des ménages suisses, soit autant que nous en haut débit. C'est une concurrence très sérieuse.
- Mais la période du «bitstream» ne doit durer que quatre ans, après vos concurrents devront investir pour louer votre réseau.
- Quatre ans, cela suffit à détruire un marché et anéantir des investissements. Il ne faut pas le prendre à la légère.
Précisions sur la panne
Anouch Seydtaghia
Carsten Schloter affirme que la panne majeure de son réseau intervenue
mercredi soir n'est pas de la faute de Swisscom, comme le soupçonnent plusieurs
experts.
«Il s'agissait d'une attaque classique contre de nombreuses
adresses IP, dont un grand nombre appartenaient à Swisscom. Nous avons pu
refouler 70% des attaques, mais les 30% restants ont causé une surcharge du
réseau. Nous avons ensuite installé de nouveaux filtres plus performants», a
déclaré le directeur du géant bleu.
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