samedi 24 mars 2007

Migros s'offre les Stones pour cinq millions

Migros s'offre les Stones pour cinq millions

MARKETING. Le géant orange organise un concert unique avec les vétérans du rock.

Daniel Eskenazi et Bastien Buss
Samedi 24 mars 2007

Comment rattraper les parts de marché perdues en 2006 au profit de Coop? En organisant la plus grosse opération marketing de son histoire. C'est très probablement ce que vise Migros en annonçant un concert des Rolling Stones le 11 août prochain au stade de la Pontaise, à Lausanne. Cet événement est réservé aux clients utilisant la carte Cumulus (lire ci-dessous), offre lancée par Migros il y a dix ans qui a séduit plus de deux millions d'adeptes. Seuls 15000 d'entre eux seront choisis par tirage au sort. Pas de taxe sur les billets Mais combien coûte l'organisation de cet événement? «Nous avons convenu de ne pas le communiquer», souligne la porte-parole de Migros, Monica Glisenti. D'après nos sources, l'organisation coûtera entre 4 et 5 millions de francs, comprenant 120000 francs de frais de location et ceux du marketing. «Faire venir ce groupe coûte entre 2 et 3 millions de francs. Une somme à laquelle il faut ajouter 1 million pour les installations», souligne Michael Drieberg, patron de Live Music Production, société nyonnaise qui organise des concerts en Suisse. Selon lui, dans des conditions normales, il est impossible d'organiser et surtout de rentabiliser pareil événement dans un stade qui peut accueillir «seulement» 30000 spectateurs. C'est d'ailleurs la première fois depuis près de dix ans que le vieux stade de la Pontaise accueille un concert d'envergure. Par ailleurs, Migros s'est vu exonérer des taxes de 14% normalement perçues sur le montant des billets vendus. Enfin, les coûts du transport ne devraient pas être trop élevés, dans la mesure où l'événement du leader suisse du commerce de détail s'inscrit au milieu d'une tournée européenne, entre un concert à Oslo et un autre à Düsseldorf. Le géant orange a compté sur deux organisateurs de renom pour préparer cet événement: Opus One, société basée à Nyon détenue majoritairement par le Paléo, et la firme Good News, organisatrice du dernier concert des Rolling Stones en Suisse, à l'aérodrome de Dübendorf en août 2006. «Les discussions avec le manager des Rolling Stones durent depuis novembre. Seuls, nous n'aurions pas pu réaliser cet événement», note Monica Glisenti. Les Rolling Stones permettent à Migros de ratisser large, avec une clientèle potentielle qui va de 15 à 85 ans, selon Brigitte Müller, professeur assistante de marketing à HEC Lausanne. Les vétérans du rock avaient empoché la somme record de 180 millions de francs lors de leur dernière tournée mondiale. Mais Migros peut se permettre de louer les pierres qui roulent. Le géant orange a dégagé en 2005 un bénéfice net de 699 millions de francs.



Un tirage au sort pour aller au concert

15000 personnes recevront deux billets.

Daniel Eskenazi Tous ceux qui ont la carte Cumulus ne participeront pas au concert. Ils devront compter sur la chance au terme d'un processus relativement complexe. Tout d'abord, pour chaque achat de 10 francs effectué par un client dans l'un des magasins Migros, Micasa, SportXX, M-Electronics et Do it+ Garden, le titulaire se verra remettre un timbre Rolling Stones à coller sur une carte, les deux étant disponibles entre le 10 et le 24 avril. Lorsque le client aura rempli sa carte avec dix timbres, elle pourra être déposée dans tous les points de vente de Migros. Au final, 15000 personnes seront tirées au sort. Elles recevront chacune deux billets. En contrepartie, 6000 points Cumulus leur seront débités, ce qui représente une valeur d'achat de 60 francs. Ceux qui ne disposent pas de suffisamment de points sur leur carte Cumulus pourront néanmoins participer. Les points manquants seront débités ultérieurement. «Avec ce retrait, nous nous assurons que seules participent au concert les personnes qui attribuent vraiment de la valeur à ce concert», explique Urs Riedener, chef marketing de Migros. Cela permet aussi à Migros de faire participer financièrement ses clients.



La guerre des cartes

Lutte des géants pour mieux connaître les clients.

Bastien Buss En toile de fond du concert des Rolling Stones, il convient de considérer la guerre des cartes en plastique que se livrent Migros et Coop. Le leader suisse revendique 2 millions de clients Cumulus et Coop 2,3 millions de détenteurs de la Supercard. «Le concert des Rolling Stones permet à Migros de donner l'impression aux titulaires de la carte que la société veut les choyer.», explique Brigitte Müller, professeure-assistante de marketing à HEC Lausanne. L'événement permettra peut-être également d'en séduire de nouveaux. Attirer des titulaires supplémentaires s'avère en effet vital, notamment pour la mine d'informations que fournissent ces cartes. Les deux groupes s'affrontent aussi sur le secteur des cartes de crédit dites gratuites, créneau sur lequel ils se sont engagés l'an passé.

jeudi 22 mars 2007

Sony joue gros avec sa PS3, vendue à perte

Sony joue gros avec sa PS3, vendue à perte


JEUX. Lancée vendredi en Europe, la PlayStation3 est une console chère qui se vend encore mal.


Anouch Seydtaghia
Jeudi 22 mars 2007

Dans ses bureaux de Tokyo, Sir Howard Stringer doit se poser quelques questions concernant sa PlayStation 3 (PS3). Commercialisée dès demain vendredi en Europe, la console est déjà en vente depuis novembre 2006 au Japon et aux Etats-Unis. Le directeur de Sony (6758.T) doit justement scruter avec inquiétude les derniers chiffres américains. En janvier, Sony a certes dominé ce marché avec 42,7% des consoles vendues. Mais c'est surtout grâce à sa... PlayStation 2, numéro deux des ventes (23,5%), elle-même loin derrière la Wii de Nintendo (7974.T) (34,2). Et selon la société de recherche NPD, les ventes de la Wii continueront à surpasser celles de la PS3 et de la Xbox en 2007, mais aussi en 2008.

Howard Stringer assimile volontiers la PlayStation 3 à une Mercedes. Depuis son lancement, la limousine de luxe se vend plutôt mal: seules 1,8 million d'unités ont été vendues en 2006, et l'objectif des 6 millions d'unités écoulées d'ici à fin mars n'est pas certain d'être atteint. La première raison est bien sûr le prix. Aux Etats-Unis, la PS3 se vend 500 et 600 dollars selon les versions, soit nettement plus que la Wii (250 dollars) et la Xbox 360 de Microsoft (MSFT) (300 et 400 dollars).

Et pour Sony, impossible de vendre sa Mercedes moins cher: la firme japonaise écoule ses consoles à perte, et n'espère pas les vendre avec une marge, même minime, avant fin 2007. Selon la société de recherche américaine iSuppli, Sony perdait 300 dollars par console à son lancement. Ce chiffre a baissé, mais le lecteur DVD Blu-Ray et le microprocesseur Cell restent très chers. Sony a pris une mesure très peu populaire en vendant en Europe une version de la PS3 sans puce permettant de lire les jeux pour PS2.

Du coup, la division «jeux» de Sony est dans le rouge. Pour l'année fiscale en cours, close le 31 mars prochain, elle devrait afficher une perte importante de 191 milliards de yens, soit 1,97 milliard de francs. Heureusement pour Sony, cette division ne représente que 12% environ de son chiffre d'affaires global, largement dominé par les autres produits d'électronique de loisirs, des baladeurs numériques aux chaînes hi-fi, en passant par les téléviseurs. Ces derniers ont réalisé une belle percée aux Etats-Unis notamment, où Sony détient 30% du marché des écrans plats. Un marché global par ailleurs difficile, où le coût des écrans baisse de 25 à 30% par an.

Le pari du format Blu-Ray

Globalement, et malgré le coût lié au rappel de près de 10 millions de batteries pour ordinateurs portables, Sony s'attend à un profit annuel net de 1,13 milliard de francs. La firme japonaise peut donc se permettre d'attendre de voir les ventes de sa PS3 décoller. Mais pas longtemps. D'abord parce que Sony n'a aucun autre hit potentiel dans son pipeline. Ensuite parce que la société mise beaucoup sur sa console pour populariser le format DVD Blu-Ray, pour accroître les ventes de ses propres films, dont le futur Spider-Man 3, dans ce format. Sony perd depuis des mois beaucoup d'énergie pour imposer ce format face au format HD-DVD soutenu entre autres par Microsoft et Toshiba (6502.T). Sony ne peut pas se permettre d'échouer dans ce bras de fer.

lundi 19 mars 2007

Les débits des offres ADSL progressent, mais la situation est loin d'être idyllique

Les débits des offres ADSL progressent, mais la situation est loin d'être idyllique


INTERNET. Le débit de l'offre ADSL standard vient de passer de 2 à 3,5 mbit/s, pour 49 francs. Un prix qui reste élevé pour un service d'upload toujours très faible. Les câblo-opérateurs offrent des produits parfois plus intéressants.



Anouch Seydtaghia
Lundi 19 mars 2007



Souvenez-vous, c'était il y a un an exactement. Début mars 2006, l'offre ADSL de base passait de 600 kbit/s à 2000 kbit/s. Dès la semaine passée, Swisscom, qui contrôle entièrement le marché de l'ADSL en Suisse, a augmenté ces débits à 3,5 mbit/s. Cette hausse appréciable s'accompagne d'une augmentation du débit d'envoi (upstream), qui passe de 100 à 300 kbit/s. Cette liaison 3500/300 kbit/s est toujours facturée 49 francs par mois par Bluewin. L'ancienne offre 3500/300 kbit/s est remplacée par une offre 5000/500 kbit/s, pour 69 francs par mois. Il existe toujours une offre Bluewin pour petits consommateurs de 300/100 kbit/s, qui coûte 9 francs par mois, auxquels il faut ajouter 2,40 francs par heure de connexion.

Envoi de données très faible

L'augmentation de ces débits, qui est la conséquence d'une vraie concurrence des câblo-opérateurs, est appréciable. Mais plusieurs points noirs subsistent. D'abord, les autres opérateurs télécoms ne peuvent que revendre les offres ADSL de Swisscom, sans proposer d'autres débits. Certes, Tele2 offre un rabais de 5 francs mensuels par offre, mais c'est tout. Dès le 1er avril, les concurrents de Swisscom vont commencer à négocier avec lui de nouveaux tarifs, via l'ouverture de son «dernier kilomètre», et l'on peut espérer de nouvelles offres pour fin 2007- début 2008.

Second point noir, la faiblesse du débit d'envoi de données (upstream). Même s'il a été triplé, 300 kbit/s, c'est encore très faible pour envoyer des photos et des vidéos. Swisscom invoque des raisons techniques pour expliquer cette situation, ce qui nous amène au troisième point noir: le pourcentage d'internautes qui peuvent bénéficier des nouveaux tarifs. En effet, Swisscom ne garantit plus formellement ses débits. Et l'opérateur estime que 6% de ses clients ne bénéficieront pas des nouvelles largeurs de bande, tout simplement parce qu'ils se situent trop loin de ses centraux téléphoniques. Dès que la distance s'élève à plus de 750 mètres, les débits fléchissent.

Bientôt une offre VDSL

De façon théorique, l'ADSL actuel permet au maximum des débits de 6000/800 kbit/s. Actuellement, l'opérateur réalise un effort important pour développer son réseau VDSL, qui permet des débits maximaux de 25/10 mbit/s. Cet été, Swisscom commercialisera ainsi une offre à 10 mbit/s. Le débit upstream et le prix ne sont pas encore connus. D'ici à fin 2007, l'opérateur estime que 50% des raccordements téléphoniques bénéficieront d'une offre optimale en VDSL.

Conclusion: plus les débits s'améliorent, plus le nombre d'internautes qui peuvent potentiellement en bénéficier se réduit, et ce malgré l'extension par Swisscom de ses réseaux.

A noter qu'il vaut toujours la peine, lorsque c'est possible, de comparer les offres ADSL avec ce que proposent les câblo-opérateurs: ils sont parfois moins chers avec des offres combinées Internet+ télévision+ téléphonie fixe.

dimanche 18 mars 2007

Cablecoms Digital-TV ist geknackt

Cablecoms Digital-TV ist geknackt


» Immer mehr schauen schwarz – jetzt droht der Anbieter mit Hausdurchsuchungen

VON MICHAEL SOUKUP

Ich müsse schon selbst vorbeikommen und die Box abholen. Dann würde ich auch die Namen der Hacker kriegen, sagte der Fachhändler aus dem Zürcher Oberland. Bei der Box handelt es sich um einen Digital-TV-Decoder namens Dreambox DN 500c, Stückpreis 278 Franken. Eine Investition, die sich schnell ausbezahlt: Dank der Traumkiste kann das gesamte digitale Fernsehangebot der Cablecom sowie von Teleclub gratis geschaut werden. Die jährlich 3000 Franken Abogebühren für die fast hundert Fernsehsender und die Miete der Cablecom-Empfangsbox können die Schwarzseher sparen.

Weder die Cablecom noch der Verband der Kabel-TV-Unternehmen Swisscable wollten anfangs etwas von einer Sicherheitslücke wissen. «Uns ist kein solcher Fall bekannt», erklärte die Cablecom noch am Donnerstag. Mit den Recherchen der SonntagsZeitung konfrontiert, änderte sich dies: «Wir haben mit der Dreambox tatsächlich ein Problem», sagt Simon Osterwalder, Rechtsanwalt der Cablecom. So habe man festgestellt, dass seit Anfang Jahr zunehmend auch Leute ausserhalb der Hackerszene das Gerät missbrauchen würden. Osterwalder befürchtet deshalb, dass bald erste solche Decoder in Discountketten auftauchen könnten.

Erste Strafverfahren gegen Händler sind eingeleitet

Offensichtlich wollte der Kabelfernsehanbieter das Problem unter dem Deckel halten. Denn «es ist jedem Kunden klar, wofür die Dreambox verwendet wird», sagt der Oberländer Anbieter, nachdem man sich explizit nach den illegalen Möglichkeiten der Set-Top-Box erkundigte. Gibt man Dreambox in Google ein, wird denn auch rasch klar, dass es sich um eine Wunderkiste für TV-Hacker handelt.

Doch mit dem Kauf der legalen Hardware ist es nicht getan. In einschlägigen Foren bitten verzweifelte Schweizer um Hilfe. Sie haben sich das nackte Gerät der im deutschen Lünen ansässigen Firma Dream Multimedia beschafft. Sind aber daran gescheitert, die gehackte Software im Internet zu finden respektive auf die Box zu laden.

Wer jedoch bereit ist, 400 Franken und mehr zu zahlen, kann sich ein entsprechend verändertes Gerät in der Hackerszene beschaffen. Solche Kontakte werden überall in der Schweiz im Kollegenkreis gehandelt. Der Cablecom sind auch Ladenbesitzer bekannt, die solche Empfangsgeräte unter der Hand vertreiben. «Wir beobachten das Händlernetz intensiv», so Osterwalder. Erste Strafverfahren seien eingeleitet worden.

Zudem setzt die Cablecom auf Denunzination. «Wir haben Informanten und gehen jedem Verdacht nach.» Strafverfahren, polizeiliche Hausdurchsuchungen frühmorgens und der Eintrag ins Strafregister sollen potenzielle Schwarzseher abschrecken.

Mitarbeit: Beat Schmid, Daniel Metzger

Internet-Surfen zum Nulltarif: Das gibts! - Wirtschaft - News - Blick Online

Internet-Surfen zum Nulltarif: Das gibts! - Wirtschaft - News - Blick Online: "Internet-Surfen zum Nulltarif: Das gibts!

VON BEAT SCHMID
06.07.2006 00:06:42

HITTNAU ZH – Florian Heil (48) ist der gutmütigste TV-Kabelkönig der Schweiz. Jetzt meint er’s noch gutmütiger und schenkt 3000 Hittnauern den Zugang ins Internet.

Surfen im Internet zum Nulltarif? So etwas gibt es doch nicht! Das gibt es doch. Die Abonnenten des lokalen Kabelnetzes in Hittnau surfen bald gratis durchs Internet. Ab nächstem Jahr ist in der monatlichen Grundgebühr von 21 Franken auch der Zugang ins Internet inbegriffen -- zusätzlich zum Empfang von 350 digitalen Fernseh- und Radiostationen.

Bei Cablecom, dem mit Abstand grössten Kabelnetzbetreiber der Schweiz, kosten diese Dienstleistungen viel mehr.

Ist es pures Gutmenschentum, das Heil antreibt? «Sicher nicht», sagt er, «vielmehr fürchte ich Bluewin-TV.» Bald will Swisscom mit Bluewin-TV in den Fernseh-Empfangsmarkt einsteigen.

Heil erwartet, dass dann rund 15 Prozent der 250 unabhängigen Kabelnetze verschwinden. Grund: Sie sind technisch veraltet und können nicht Fernsehen, Telefonie und Internet aus einer Hand anbieten.

Ihnen will Heil helfen. Dazu hat er die Firma CablenetSwiss gegründet. Sie soll kleine Netze beim Aufrüsten beraten. So können sie ihre Selbständigkeit behalten. Denn Riese Cablecom will die kleinen Netze schlucken.

«Wenn wir uns zusammentun, haben wir auch mehr Einfluss bei Cablecom», sagt Heil. Viele Netze beziehen die Fernsehsignale von Cablecom und müssen dafür je nach Grösse bis zu 5.50 Franken pro Abonnement zahlen."

mercredi 14 mars 2007

De l'Italie à l'Ukraine, les ambitions de Swisscom

De l'Italie à l'Ukraine, les ambitions de Swisscom


TELECOMS. L'opérateur multiplie les projets à l'étranger. En Suisse, il vise le multimédia.


Anouch Seydtaghia, Zurich
Mercredi 14 mars 2007

Swisscom ne vise pas seulement l'Italie, via son offre publique d'achat sur FastWeb de 6 milliards de francs, plus la reprise de 1,75 milliard de dettes. L'opérateur suisse s'étend aussi actuellement en Europe de l'Est: Ukraine, Roumanie, Bulgarie et Pologne. «Depuis 2006, nous y construisons, dans les villes, des réseaux internet à haut débit, a expliqué mardi Carsten Schloter, directeur de Swisscom (SCMN.VX). Les coûts d'installation sont faibles, et la demande très forte.» L'opérateur, qui prévoit d'investir plus de 100 millions de francs dans ces projets, ne communique pas sur le chiffre d'affaires ainsi espéré

Ce développement au sein de l'opérateur illustre sa volonté de se diversifier rapidement, alors que ses résultats annuels 2006 sont stables (voir infographie). Carsten Schloter a insisté sur l'apport futur de FastWeb: des services lancés plus vite, et à moindres coûts, telle une amélioration sensible de l'offre de télévision. Swisscom mise beaucoup sur l'enrichissement de Bluewin TV, qui compte 30000 clients quatre mois après son lancement. «La société italienne nous permettra d'améliorer rapidement notre réseau, qui reste notre atout majeur face aux câblo-opérateurs, a poursuivi Carsten Schloter. Nous proposerons non seulement des offres à plus haut débit, mais aussi des services associés.» L'on peut ainsi imaginer bientôt des offres de télésurveillance ou de visiophonie proposées par l'opérateur.

Swisscom progresse dans ses nouveaux marchés. Par exemple, le transfert de données via le réseau de téléphonie mobile - SMS exclus - a généré en 2006 un chiffre d'affaires de 216 millions, contre 43 en 2005. Le hic, c'est que les prix ne cessent de baisser. Exemple: les clients mobiles ont téléphoné en moyenne 124 minutes par mois (120 en 2005), mais leur facture a chuté de 74 à 65 francs. Swisscom estime à 500 millions de francs les effets de la baisse des prix pour son chiffre d'affaires 2006. L'ouverture du «dernier kilomètre», le 1er avril prochain, risque d'aggraver ce phénomène. «Ces prochaines années, nous allons continuer à perdre entre 300 et 500 millions par an à cause de la guerre des prix, a estimé Carsten Schloter. Je ne crains pas les offres de nos concurrents sur le «dernier kilomètre», car ils devront tenir compte des coûts réels du réseau.» Début de réponse cet automne avec, peut-être, les premières offres concurrentes.

«La Suisse doit se préparer rapidement au bioéthanol»

«La Suisse doit se préparer rapidement au bioéthanol»


Quel avenir les biocarburants pourraient-ils avoir en Suisse? Interview.


Etienne Dubuis
Mercredi 14 mars 2007

Christian Hardtke, professeur associé au Département de biologie moléculaire végétale à l'Université de Lausanne, conseille à la Confédération de se préparer à l'arrivée du bioéthanol de deuxième génération.

Le Temps: Est-ce une bonne idée de produire des biocarburants en Suisse?

Christian Hardtke: Oui, ça l'est. Encore faut-il savoir ce que nous entendons par biocarburant. Le biodiesel, qui est normalement produit chez nous à base de colza, a un bilan énergétique nettement positif: il fournit deux ou trois fois plus d'énergie qu'il n'en exige pour être fabriqué. Il souffre cependant d'un handicap important: une très faible productivité. Un champ de colza dispense rarement plus de 1500 litres par hectare et par année, ce qui signifie que l'ensemble de la surface agricole de la Suisse ne pourrait assurer au pays que dix jours de ses besoins. Le biodiesel ne convient donc qu'à une petite échelle, chez un paysan qui voudrait produire de quoi faire tourner ses machines, par exemple. Le bioéthanol, fabriqué à partir d'amidon ou de sucre, possède un bien meilleur rendement. Un champ de betterave (la plante locale la plus performante) procure ainsi 6000 litres par hectare et par année, avec des pointes à 8000. Son bilan énergétique, objet de vives controverses, est toutefois moins concluant: il ne serait que légèrement positif.

- Il ne sert donc à rien?

- Si. Il serait très utile de le produire à une échelle raisonnable pour nous préparer à l'arrivée du bioéthanol de deuxième génération. Car l'histoire n'est pas finie. Un bioéthanol beaucoup plus performant nous attend. Produit à base de matière lignocellulosique (un nom compliqué qui désigne les tissus de soutien des végétaux, les tiges, les feuilles, etc.), il cumulera un bilan énergétique positif et une excellente productivité. Il est susceptible de fournir jusqu'à 15 fois plus d'énergie qu'il n'en consomme. Et une plante comme le miscanthus giganteum, qui fournit aujourd'hui à peu près 14000 litres par hectare et par an, pourrait en dégager 35000 une fois le processus de production optimisé, soit quatre ou cinq fois plus que la betterave. Il ne s'agit pas là d'un scénario de science-fiction. Ce nouveau produit est déjà fabriqué aux Etats-Unis et au Canada, où il fait l'objet de dernières mises au point, et devrait débarquer ici dans cinq à dix ans. Lorsque ce moment viendra, mieux vaudra ne pas perdre de temps. Ce qui suppose que nous ayons alors des installations techniques en état de fonctionner, un minimum de savoir-faire et un marché disposé à l'accueillir.

- Le bioéthanol de deuxième génération sera-t-il plus cher que l'essence?

- Pas forcément. Il devrait être compétitif à long terme. Pour être plus précis, on s'attend à ce que le bioéthanol produit de manière optimisée à partir de matière lignocellulosique soutienne la comparaison avec l'essence tant que le baril de brut ne descendra pas en dessous de 35 dollars. Ce qui est l'hypothèse la plus probable.

- La production de bioéthanol se ferait-elle forcément au détriment des cultures vivrières?

- Ce serait le cas si l'on devait continuer à utiliser comme matière première une plante traditionnelle comme la betterave. Mais les plantes énergétiques de deuxième génération sont capables de pousser sur des sols marginaux, délaissés parce que trop pauvres par les cultures traditionnelles. Elles peuvent en outre, avec leur récolte tardive, prospérer dans des cultures mixtes. Enfin, de vastes surfaces agricoles, aujourd'hui laissées en jachère par crainte de la surproduction, n'attendent que ce genre d'occasions pour être exploitées.

- Quelle importance les biocarburants peuvent-ils avoir en Suisse?

- La Suisse ne pourra sans doute jamais produire tout le biocarburant dont elle a besoin, faute d'un territoire suffisamment vaste. Mais elle peut en fabriquer une part non négligeable. Surtout, elle a un rôle important à jouer dans le domaine de la recherche. Peu de pays disposent d'une telle concentration de compétences et il serait vraiment dommage qu'elle manque l'occasion qui lui est donnée de se profiler à la pointe d'un domaine d'avenir.

- La Suisse devra donc continuer à importer son carburant?

- Oui. Mais pas de très loin. L'Europe abrite suffisamment de surfaces cultivables, de l'Espagne à la Scandinavie en passant par l'Ukraine, pour produire la majeure partie du bioéthanol dont elle aura besoin. Et pour exporter chez nous des surplus.

Le miscanthus, combustible biomasse prometteur

Le miscanthus, combustible biomasse prometteur





Nom : miscanthus giganteus. Origine : Asie. Particularité : culture énergétique idéale pour la production de chaleur et d’électricité. En France, cette plante vivace vient pour la première fois de passer du stade expérimental à la production commerciale. La société britannique Bical vient de réaliser sa première récolte, en association avec des agriculteurs bretons.
Biomasse combustible, litière pour animaux, panneaux de particule, éthanol, éco-construction… Les débouchés du miscanthus giganteus sont multiples. Cette plante, également appelée "herbe à éléphant", pourrait jouer un rôle majeur dans le développement de la biomasse énergétique. En France, la toute première récolte, destinée au marché industriel, a eu lieu en Bretagne, au printemps dernier. 500 tonnes de ce simili-bambou ont été coupées par une ensileuse, sur une surface de 40 hectares. Un rendement de 12, 5 t/ ha, qui peut atteindre plus de 20t/ha selon la maturité de la plante et les conditions climatiques.

La plantation a été réalisée en 2004 par Bical France, filiale de Biomass Industrial Crops Ltd (Bical), qui produit déjà 400 000 t/an au Royaume-Uni. Cette société, fondée par des agriculteurs britanniques en 1998, est le premier fournisseur européen de miscanthus (sur une petite dizaine d’entreprises). Elle a dégagé un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros en 2005. Pour s’implanter en France, Bical s’est associée à des agriculteurs locaux, à Bannalec, dans le Finistère, puis à Voves, en Eure-et-Loir. "Nous fonctionnons selon un système coopératif. Tous les exploitants associés possèdent une part du capital de Bical France. Nous souhaitons leur permettre d’obtenir un revenu régulier et décent," explique Emmanuel de Maupeou, directeur général.

Un pouvoir calorifique étonnant

La totalité de la production a été achetée par le groupe Lafarge Ciments, séduit par l’étonnant pouvoir calorifique du miscanthus, plus élevé que la plaquette de bois. Son PCI (pouvoir calorifique inférieur) est en effet d’environ 4700 kWh/t, contre 3300 pour la plaquette, ce qui le rend très rentable, selon Bical.
Créé en Asie à partir des miscanthus sinensis et sacchariflorus, cette graminée hybride peut remplacer jusqu’à 50% du charbon dans une centrale électrique ou une chaudière industrielle, sans modification technique. Il peut aussi se substituer au bois-énergie des chaudières et poêles individuels. Lors de sa combustion, il émet moins de dioxyde de carbone (CO2) qu’il n’a emmagasiné, car une partie de ce dernier est stocké dans ses rhizomes, des tiges souterraines capables d’engendrer de nouvelles pousses. Un bon point pour les industriels qui veulent préserver leur capital de crédits carbone.

Jusqu’à l’arrivée de Bical en France, le miscanthus n’était cultivé que dans le cadre d’expériences scientifiques, alors qu’il a atteint le stade commercial en Grande-Bretagne et dans plusieurs pays européens. L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a procédé à des essais en plein champ, et étudié, avec la société Kalys, à Roubaix, les moyens de réduire le coût de production des pieds de miscanthus. Conclusion : la culture in vitro, le bouturage et la plantation en terre sont compatibles avec les objectifs d’économie agricole.

"Aucune maladie ni ravageurs connus"

La plantation de l’herbe à éléphant nécessite cependant des moyens financiers et humains importants, car elle n’est pas mécanisable. Les plants doivent être mis en terre à la main, dans un sol aéré et creusé de sillons. La première année, l’élimination des adventices (les mauvaises herbes) est nécessaire pour permettre au miscanthus de bien prendre racine et grâce à ses rhizomes produira de nouvelles tiges aériennes au cours des années suivantes. Le désherbage peut être assuré mécaniquement, au moyen d’une herse, ou chimiquement. Bical a choisi cette dernière solution. "Nous utilisons un désherbant homologué uniquement la première année, car à partir de la deuxième année, les feuilles se dessèchent au début de l’hiver et tombent sur le sol, constituant un nutriment naturel et empêchant l’apparition des adventices, précise le directeur général. Nous n’utilisons pas non plus de fongicide ni d’insecticide, puisqu’il n’existe aucune maladie ni ravageurs connus, à part les blaireaux."

L’herbe à éléphant abrite d’ailleurs de nombreux animaux, dont la nidification n’est pas perturbée par la moisson, réalisée en mars, sur un sol sec ou encore gelé, pendant le début du nouveau cycle de pousse. Culture pérenne, le miscanthus repousse naturellement, et peut être exploité sur une période de 5 à 18 ans. Il peut atteindre une hauteur de 4 mètres. Et comme il est stérile, le risque de dissémination est nul.

Reconversion de terrains pollués en Ile-de-France

Plusieurs études ont mis en évidence sa capacité à croître en terrains agricoles ou industriels pollués. Dès 1992, deux chercheurs japonais démontraient sa grande tolérance face à de fortes proportions de métaux lourds dans le sol, et son faible taux d’accumulation de cadmium dans ses feuilles (1,75 mg/kg).
Des résultats confirmés en France par les études de l’Inra, qui participe à la reconversion des anciens champs d’épandage de l’agglomération parisienne vers des filières agricoles. L’opération de 750 000€ implique le conseil régional d’Ile-de-France, et doit durer cinq ans, de 2006 à 2011. Le miscanthus sera testé au même titre que d’autres végétaux (seigle, taillis à rotation rapide…). Objectif : "retrouver, en cinq ans, sur ce secteur pollué, un nouveau système d'activités agricoles durables, axées sur des productions à des fins non alimentaires," indique un rapport de la Région de mai 2006.

Même si les qualités du miscanthus sont reconnues, le coût de sa mise en œuvre, la concurrence des autres énergies renouvelables et la difficulté de convaincre les agriculteurs sont autant de freins à son développement. Mais pour Emmanuel de Maupeou, la principale barrière est "psychologique". "Un certain nombre d’environnementalistes réprouvent l’arrivée d’une plante non-indigène, mais ils oublient que c’est aussi le cas du maïs ou de la pomme de terre."


Raphaël Baldos
Mis en ligne le : 10/08/2006

L'essence verte suisse

L'essence verte suisse


• Le parlement donne son feu vert à la production de biocarburants en Suisse, assortie d'un label «bio».


Ron Hochuli, Berne

Mercredi 14 mars 2007

Produire des biocarburants suisses, est-ce bien raisonnable? Le Brésil en fournit déjà en masse, à des prix qui défient toute concurrence. Les Etats-Unis ont suivi le mouvement, l'Union européenne également. La Suisse a-t-elle une chance, sur ce juteux marché d'avenir, sur lequel elle paraît néanmoins larguée?

Les écologistes acquiescent, estimant que le biocarburant permettra non seulement de réduire considérablement les émissions de CO2. De plus, il sera produit dans des conditions respectueuses de l'environnement. Les agriculteurs en sont convaincus, c'est pour eux un débouché vital. Des entrepreneurs veulent développer en Suisse une technologie de pointe susceptible d'intéresser les investisseurs étrangers. Après le Conseil national en octobre, les Etats se sont montrés quasi unanimes, mardi, en acceptant un soutien conséquent aux carburants verts.

Concrètement, ces carburants issus de matières premières comme la betterave, le maïs, le colza ou le bois bénéficieront d'une exonération fiscale, compensée afin de ne pas prétériter l'équilibre budgétaire de la Confédération, par une hausse de l'impôt sur l'essence traditionnelle de 1 à 2 centimes par litre à court terme et de 6 centimes ensuite. Néanmoins, les tarifs à la pompe ne devraient pas bouger, puisque 5% de bioéthanol pourra être mélangé à l'essence.

Par ailleurs, les parlementaires ont fixé dans la loi un contingentement de l'importation d'essence bio défiscalisée. Le plafond se situera initialement à 150 millions de litres et augmentera de 10 millions chaque année, afin de répondre à une demande appelée à augmenter. L'objectif est de produire, à court terme, 0,5% des sept milliards de litres de carburant consommés chaque année dans le pays. Soit environ 350 millions de litres.

Une goutte d'eau dans un baril de pétrole, à première vue. Pourtant, soulignent les agriculteurs, cette goutte d'eau suffirait à offrir une opportunité pour 10000 hectares de surface agricole. Parallèlement, la demande croissante en bioéthanol provoque une hausse du cours mondial de la betterave et du maïs, notamment, ce qui atténue l'écart entre prix suisses et étrangers, relève Jacques Bourgeois, directeur de l'Union suisse des paysans.

A terme, la production indigène représente également un débouché considérable pour l'exploitation de forêts dont la surface ne cesse d'augmenter. Il s'agirait, en outre, de ne pas répéter les erreurs commises dans certains secteurs d'énergies renouvelables, dans lesquels la Suisse, autrefois pionnière, s'est fait distancer sur le plan technologique. Enfin, soulignent des parlementaires radicaux et démocrates du centre, «il s'agit d'une contribution à l'indépendance énergétique de la Suisse».

Sur le terrain, des projets existent déjà. Alcosuisse, centre de profit de la Régie fédérale des alcools, n'attend que l'entrée en vigueur de la loi pour passer d'un modeste projet pilote à la construction d'une usine de production, vraisemblablement dans l'Arc jurassien, avec le concours d'investisseurs privés. Et des contacts ont déjà été noués pour créer un réseau de 150 stations-service distributrices de biocarburant.

Se pose l'inévitable question du prix: au Brésil et aux Etats-Unis, le litre d'essence bio est produit à des coûts de 40 à 60 centimes par litre. Au sein de l'UE, ce montant avoisine les 80 centimes. Or, en Suisse, un litre coûterait 1,30 franc, selon les parlementaires! «C'est faux, corrige Pierre Schaller, directeur d'Alcosuisse. Nous pourrons vendre un litre à un franc.» Et l'écart subsistant serait négligeable. Etant donné que la production suisse, très faible dans un premier temps, serait mélangée au carburant importé, le prix du plein ne devrait pas s'en ressentir.

Le retour sur investissement serait, lui, bien réel. Comme le dit Pierre Schaller, «d'autres pays ont déjà repris notre modèle, à base de déchets de cellulose». A la différence de fabricants étrangers, il mise sur la diversité des matières premières: céréales, betteraves, mais aussi mélasse sucrière, pommes de terre, etc. «Une telle recette permet beaucoup plus de flexibilité en fonction de l'évolution des prix, mais également une sécurité accrue, face aux aléas climatiques. Il s'agit maintenant de développer une technologie de pointe sur le mode de production. Car c'est bien dans le secteur de l'innovation que la Suisse disposerait des plus grands atouts.

Sur le plan de la production, la Suisse présenterait l'avantage d'offrir un bilan écologique satisfaisant. «Il ne faut pas croire qu'un plein à l'essence propre permet de rouler la conscience tranquille», n'a cessé de répéter la gauche tout au long du débat parlementaire. Allusion, notamment, à la déforestation de la forêt amazonienne provoquée par les cultures de canne à sucre brésiliennes. Mais également au transport de carburant importé, synonyme de coûts mais également de poids sur l'environnement.

En guise de garde-fou, le Conseil des Etats a donc choisi d'ancrer dans la loi la «responsabilité sociale de la Suisse», en matière de production. Le National doit encore confirmer cette décision, avant que des critères ne soient définis par le Conseil fédéral. Jacques Bourgeois assure: «Les agriculteurs remplissent déjà les conditions requises dans la production destinée au marché alimentaire. Il n'y a donc pas de raison qu'ils échouent dans le secteur du biocarburant.» Et l'idée de créer un label fait déjà son chemin.

La balle est désormais dans le camp des investisseurs pour créer la demande. Car si le principe d'une exonération fiscale est admis, les Chambres ont refusé un principe existant dans la plupart des pays européens: une part minimale obligatoire (5% par exemple) de biocarburants à mélanger avec l'essence.







Les plantes, source d'énergie

Pierre Veya

• Potentiel des biocarburants

Selon diverses études, la Suisse pourrait produire d'ici à 2020 l'équivalent de 20% de sa consommation annuelle d'essence en utilisant ses déchets agricoles (pommes de terre, paille, petit lait, etc.).

De son côté, l'Union européenne évalue son potentiel de production à 25% de sa consommation d'ici à 2020-2030, sans mettre en danger la production agricole destinée à l'homme et aux animaux. Aux Etats-Unis, les études du Département de l'énergie évaluent ce même potentiel à environ 30%, toujours sans mettre en danger la production alimentaire.

Le potentiel théorique de production d'énergie à partir de la biomasse est évidemment beaucoup plus important. Sachant que les plantes ne sont rien d'autre que des «capteurs solaires» dont le rendement moyen de conversion est d'environ 2%, il suffirait de couvrir 5% de la surface terrestre pour assurer les besoins énergétiques de la planète.

• Gains énergétique et climatique

Ces gains varient selon la matière première utilisée. Pour une unité d'énergie investie dans la production de canne à sucre, on en retire huit, ce qui permet d'abaisser les émissions de C02 de 80 à 90% par rapport au pétrole. En revanche, en utilisant du maïs, le gain énergétique est faible et la diminution des gaz à effet de serre est de 10 à 20%, voire négative si la raffinerie utilise le charbon comme énergie primaire. La meilleure voie consiste à utiliser les déchets ou des plantes spécifiques comme la miscanthus géante qui a un rendement très élevé à l'hectare (14 000 litres en attendant plus, contre 3500 pour le maïs) et qui ne nécessite aucun fertilisant.

La Suède, pionnière du carburant vert

La Suède, pionnière du carburant vert


Le pays scandinave veut être le premier au monde à s'affranchir totalement des carburants fossiles. Il place notamment son effort sur l'éthanol de deuxième génération, obtenu à partir des forêts qui couvrent les trois quarts de son territoire.


Luc Debraine, Örnsköldsvik et Stockholm
Mercredi 14 mars 2007

«Cela commence à devenir un problème», dit Per Carstedt des groupes de visiteurs, qui, plusieurs fois par semaine, découvrent l'usine pilote d'Örnsköldsvik, dans le nord de la Suède. Venus du monde entier (lors de notre passage, des représentants du Mozambique étaient sur place), les groupes sont désormais si nombreux que leur accueil pose problème aux responsables du projet, dont le directeur Per Carstedt. Ce Suédois charismatique mène une tentative de production industrielle d'éthanol à partir de cellulose extraite des forêts qui couvrent 70% de son pays.

La bioraffinerie expérimentale d'Örnsköldsvik, qui appartient aux Universités d'Umea et de Lulea, fonctionne depuis 2005. Ses procédés complexes de transformation du bois sont aujourd'hui en cours de validation. D'ici à quelques mois, l'usine pilote laissera peu à peu sa place à une installation de démonstration cinquante fois plus grande, au rendement cette fois industriel.

L'enjeu est considérable. L'éthanol cellulosique, dit aussi de deuxième génération, est une pièce maîtresse de la transition suédoise vers les énergies renouvelables. Le pays entend être le premier au monde à s'affranchir totalement des hydrocarbures. Le terme du sevrage a même été fixé: l'année 2020. Au train des actuelles mesures coercitives et incitatives, et de ce qui a déjà été entrepris, l'objectif paraît raisonnable.

Lors de la crise pétrolière des années 70, la Suède dépendait des hydrocarbures pour 75% de ses besoins énergétiques. Cette proportion est tombée aujourd'hui à 35%. Près de 25% de ses besoins en énergie sont désormais assurés par des énergies renouvelables, à l'image des petites centrales électriques qui parsèment le territoire et fonctionnent pour l'essentiel au bois.

Mais la dépendance pétrolière dans le secteur des transports est encore forte. Et la réduction des émissions des gaz à effet de serre est une priorité urgente, en Suède comme ailleurs. D'où la nécessité de développer la production massive d'un carburant de substitution comme le bioéthanol à base de produits forestiers. «Par deux fois dans le passé, l'humanité a changé de système d'énergie, rappelle Per Carstedt. Au XVIIIe siècle, le charbon a remplacé le bois. Il a provoqué l'essor de la société industrielle. Le pétrole a ensuite pris la place du charbon au début du XXe siècle. Aujourd'hui, il faut laisser la société fondée sur les hydrocarbures derrière nous. Et, pour ce qui nous concerne, nous rediriger en direction du bois.»

La Suède produit de l'éthanol depuis un bon siècle. La production a été particulièrement importante pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle assure aujourd'hui un quart de ses besoins croissants en bioéthanol avec une production locale à base de céréales, important le reste du Brésil (surtout) et de l'Europe (un peu). D'où la volonté suédoise de passer à l'éthanol de deuxième génération. Et de construire des bioraffineries qui offrent un rendement énergétique total supérieur à 70%, bien davantage que la production traditionnelle actuelle d'éthanol, ou encore la production d'électricité à partir de charbon, dont l'efficacité énergétique est d'environ 35%. Outre le carburant vert, les futurs combinats bioénergétiques produiront de l'électricité, des pastilles de lignine pour les centrales énergétiques, du chauffage et des produits chimiques de haute valeur.

Reste que l'éthanol cellulosique n'est pas facile à produire. Le processus complexe de décomposition de la cellulose du bois à base de chaleur, d'acides et d'enzymes doit encore être amélioré. L'usine pilote d'Örnsköldsvik offre à l'œil un invraisemblable dédale de tuyauteries, membranes, containers et réservoirs. Les copeaux de bois y sont successivement vaporisés, filtrés, acidifiés, pressés, détoxifiés, fermentés, séparés, distillés et évaporés. L'usine expérimentale traite chaque jour deux tonnes de substance sèche, produisant ainsi 400 litres d'éthanol. Son fermenteur a une capacité de 10000 litres. Celle de l'usine de démonstration qui sera bientôt construite sera d'un million de litres.

Développée à Örnsköldsvik, cette technique de fabrication d'éthanol cellulosique tire surtout profit des copeaux et la sciure. Mais elle peut aussi utiliser d'autres sources de fibres de cellulose, comme les taillis et les graminées comme la paille et le phalaris. D'autres pays à forte couverture boisée, comme la Suisse, mènent des recherches similaires.

Mais la Suède a plusieurs longueurs d'avance. Sur la Suisse, par exemple, où le Conseil fédéral doit fixer des conditions de production socialement acceptables pour les biocarburants qui bénéficieront d'une exonération fiscale (lire en page 3). En Scandinavie, à part les gains écologiques et géostratégiques, l'intérêt est aussi économique. L'industrialisation du carburant cellulosique suédois est à même de créer un nouveau secteur industriel dans le nord du pays, qui souffre de dépeuplement. Près de 10000 nouveaux emplois sont en jeu.

Reprenons la route en direction du sud, vers Stockholm. Le pays est aussi pionnier pour l'introduction du bioéthanol dans les voitures. Depuis 2004, le mélange d'essence avec 5% de carburant vert est obligatoire. Surtout, le nombre de stations-service qui proposent de l'E85, c'est-à-dire un carburant à 85% de bioéthanol et 15% d'essence, a augmenté en flèche.

Rien qu'au cours des trois derniers mois, 100 nouvelles stations ont vu le jour. Il y en a désormais 700 sur tout le territoire (la Suisse en compte pour l'heure une quinzaine). En 2009, le pays comptera 2300 stations qui serviront de l'E85. Une voiture vendue sur dix actuellement en Suède est du type flexifuel, soit adaptée au nouveau carburant, qui réduit de plus de 70% les émissions de CO2.

«Ce résultat n'a pas surgi de lui-même, sourit dans sa barbe Hans G.Petterson, directeur de la communication du Ministère suédois de l'industrie. Il est le résultat de mesures incitatives et de lois dans le domaine de la distribution. Une loi de 2006 contraint les grandes stations-service à s'équiper de pompes à E85. Aujourd'hui, il s'agit des stations qui vendent plus de 3000 m3 d'essence et diesel par an. Dès 2009, cette limite s'abaissera à 1000 m3. Les stations plus petites devront donc s'équiper.»

Hans Petterson détaille aussi les détaxations dont bénéficient le carburant vert (moins 33% par rapport à l'essence) et les voitures qui l'utilisent. Pour chaque véhicule à essence, la taxe sur le CO2 s'élève à 360 couronnes par an plus 15 couronnes par gramme de CO2 émis au-dessus d'une limite de 100 g/km [100 couronnes suédoises équivalent à 18 francs suisses.]

Pour les voitures à biocarburants, qui émettent peu de gaz carbonique, l'impôt annuel est de 360 couronnes plus seulement 10 couronnes par gramme de CO2. De surcroît, elles ne paient pas la taxe routière (encore dans une phase d'essai) pour entrer dans Stockholm, ni les parkings dans cette ville et une vingtaine d'autres en Suède. Les sociétés bénéficient d'importants abattements fiscaux si elles achètent des modèles flexifuel pour leurs flottes de véhicules: «Elles économisent l'équivalent de 720francs par véhicule et par an», précise Hans Petterson.

Celui-ci aimerait que son ministère maintienne la différence de 30% entre le prix d'un litre d'essence et d'un litre d'E85. Mais la récente baisse du prix du baril a réduit cette différence, sans d'ailleurs que les comportements à la pompe des conducteurs de véhicules flexifuel ne changent. «En raison de ces fluctuations, nous ne voulons pas maintenir le prix de l'E85 à un prix fixe, note Hans Petterson, car cela risque de coûter cher au gouvernement. La France, elle, veut un prix fixe du bioéthanol. Nous sommes curieux de voir comment elle va s'y prendre.»

«Nous avons au total 200stations d'essence à Stockholm, dont 91 qui distribuent du bioéthanol», s'enorgueillit Eva Sunnerstedt, responsable des véhicules propres à la municipalité. Si 75% des véhicules achetés aujourd'hui par le gouvernement suédois doivent êtres propres, cette proportion est de 100% dans la capitale. Plus de 25% des bus qui roulent dans le grand Stockholm fonctionnent au bioéthanol. Si quelqu'un de l'administration de la ville commande un taxi, son appel est automatiquement dévié vers l'un des 470taxis verts qui sillonnent la grande ville. «Nous nous sommes fixé un but, précise Eva Sunnerstedt: ne plus avoir en 2050 aucune trace de carburant fossile dans la ville.»







Une offre toujours plus large de voitures

Luc Debraine

Près de 13% des immatriculations de voitures neuves en Suède sont le fait des modèles écologiques, pour la plupart des versions flexifuel qui roulent indifféremment au bioéthanol et à l'essence. Le modèle flexifuel le plus vendu dans le pays est la Saab 9-5 (75% des 9-5 vendues en Suède sont des flexifuel), suivie de la Ford Focus (84% de flexifuel) et des Volvo S40/V50 (41%).

Volvo propose désormais en Suède une version à l'éthanol de sa petite C30, propulsée par un moteur 4 cylindres de 1,8 litre et 125 ch. En raison des propriétés corrosives du carburant, et de son contenu énergétique inférieur à celui de l'essence, la voiture a été, comme ses pairs, modifiée. Les conduites de carburant, les soupapes, les joints d'étanchéité ont été renforcés. Comme une plus grande quantité de carburant doit être injectée dans le moteur, les soupapes d'admission et les injecteurs sont plus grands. Le système de gestion surveille en permanence le mélange de carburants présent dans le réservoir. Enfin, pour améliorer les démarrages à froid (surtout en dessous de - 12°C), le moteur est équipé d'un système de chauffage. Volvo admet que la solution flexifuel entraîne un surcroît de consommation de 39% par rapport à l'essence. Saab évoque une surconsommation de 32%, alors que Ford n'évoque qu'une augmentation de 15%. Ces différences montrent surtout que le bioéthanol n'est pas encore un carburant homologué (cela devrait être le cas avec la future norme Euro 5), et que les constructeurs évaluent ses performances selon des critères différents.

A la suite de Saab et de Ford, mais avant Renault (une Mégane E85 sortira au printemps), Volvo commercialise actuellement ses C30 et S40/V50 flexifuel en Suisse. Le surcoût par voiture est de 700 francs. En fin d'année, le nouveau break V70 sera proposé en Suisse avec un moteur de 145 ch.




© Le Temps, 2007

lundi 12 mars 2007

Pratique d’ACN pas illégale

GRUYÈRE Téléphonie fixe

Pratique d’ACN pas illégale

L’opérateur de téléphonie fixe ACN agit dans la légalité pour prospecter de nouveaux clients. La justice ne voit rien à reprocher à ses méthodes de vente.



La façon de prospecter le marché de l’opérateur de téléphonie fixe All Communication Networks (ACN) ne nécessite pas une remise au pas. Le 22 juillet 2005, la justice zurichoise a rendu une décision de non-lieu. En charge de l’enquête dans le canton de Fribourg, le juge d’instruction Michel Favre a clos ce dossier. Compte tenu de l’arrêt zurichois, il a décidé le 19 avril de l’an dernier de refuser d’ouvrir une action pénale.
Des associations de protection de consommateurs estiment que
la façon de procéder de la société internationale ACN, qui recrute des représentants en leur promettant des gains mirobolants, est douteuse. Selon elles, la façon de procéder, de type «boule de neige», pourrait bien être en infraction avec la Loi fédérale sur les loteries et les paris professionnels.
Inscrite auprès de l’Office fédéral de la communication depuis mars 2004, la société ACN vend des abonnements de téléphonie fixe. Avec des tarifs avantageux, notamment grâce à des prix quasiment gratuits entre ses abonnés, l’opérateur espère conquérir une large part du marché suisse depuis la déréglementation du secteur en 1998. Mais cet objectif commercial s’accompagne d’une stratégie de marketing controversée. En lieu et place d’une campagne publicitaire, la société mise sur un système de vente dit «relationnel» pour recruter ses clients. En clair: être un abonné ACN c’est bien, mais devenir représentant de la société, c’est mieux. Ce processus s’appelle l’effet «boule de neige». Celui qui accepte de payer plus de 600 francs pour une licence de représentant peut recruter plusieurs nouveaux vendeurs afin d’amortir sa mise de départ.


Travail de longue haleine
Après enquête, la justice zurichoise a estimé que cette pratique n’est pas répréhensible. L’opérateur de téléphonie fixe All Communication Networks agit correctement, estime le juge d'instruction alémanique.
Chef du service télécommunication chez Comparis, le site internet de comparaison des prix, Ralf Beyeler rappelle que le montant moyen des factures de téléphone fixe en Suisse varie de 10 à 30 francs. Ce qui peut représenter un gain allant de 80 centimes à 2 fr. 40 par client et par mois – dans le meilleur des cas – pour quelqu’un prospectant pour ACN.
Cette commission, «c’est peu par rapport au temps investi. Car persuader des abonnés de changer d’opérateur est un travail de longue haleine», éclaire Ralf Beyeler. Le spécialiste estime que le jeu n’en vaut pas la chandelle, «d’autant plus que les Suisses ne changent pas facilement d’opérateur de téléphonie fixe», car la plupart de leurs factures ne vont pas au-delà de quelque dizaines de francs par mois.
S’il y avait un réel gros lot à gagner, ça se saurait. Pour Ralf
Beyeler, il est peu probable que quelqu’un puisse s’enrichir avec une tel système.


Christophe Schaller
6 février 2007

ACN: Pratiques louches dans la téléphonie fixe

Pratiques louches dans la téléphonie fixe


La moisson en Gruyère

Un opérateur de téléphonie fixe aux pratiques douteuses recrute depuis le début avril ses représentants en Gruyère. Les gains mirobolants promis seraient en vérité difficilement atteignables. Des enquêtes sont ouvertes dans plusieurs cantons.

Une salle de conférence de l’Auberge du Cheval Blanc à Bulle. L’opérateur de téléphonie fixe ACN (All Communication Networks) a choisi le charme rustique de ce bistrot du chef-lieu gruérien pour y lancer sa campagne de recrutement en terre fribourgeoise. Le hic: la société basée aux Etats-Unis agirait à la limite de la légalité. En cause, son système de vente «relationnel». Cette pratique, de type «boule de neige», pourrait bien être en infraction avec la loi fédérale sur les loteries et les paris professionnels.
Inscrite auprès de l’Office fédéral de la communication depuis mars 2004, la société ACN vend des abonnements de téléphonie fixe. Avec des tarifs avantageux, notamment grâce à des prix quasiment gratuits entre ses abonnés, l’opérateur espère conquérir une large part du marché suisse depuis la déréglementation de ce secteur en 1998. Jusqu’ici, rien d’anormal. Mais cet objectif commercial s’accompagne d’une stratégie de marketing controversée. En effet, en lieu et place d’une campagne publicitaire, la société mise sur son système de vente dit «relationnel» pour recruter ses clients. En clair: être un abonné ACN c’est bien, mais devenir représentant de la société, c’est encore mieux. Ce processus s’appelle l’effet «boule de neige». Car celui qui accepte de payer 645 fr. 60 pour sa licence de représentant est contraint de recruter plusieurs nouveaux vendeurs afin d’amortir son investissement de départ. Le contrat n’est pas sans risque.
Lors des soirées d’information organisées ces jours au café-restaurant du Cheval Blanc, les représentants d’ACN promettent en contrepartie des gains plutôt alléchants, sous forme de primes et de pourcentage (lire l’encadré). La poule aux œufs d’or? Selon Ralf Beyeler, chef du service télécommunication chez Comparis, le site internet de comparaison des prix, la réalité serait moins reluisante. «Gagner de l’argent en étant représentant ACN est très difficile. Le montant moyen des factures de téléphone en Suisse est de 30 francs. Ce qui représente dans le meilleur des cas un gain de 2 fr. 40 par client et par mois. C’est peu par rapport au temps investi», avertit Ralf Beyeler. «D’autant plus que les Suisses ne changent pas facilement d’opérateur», poursuit-il.

Justice saisie à Fribourg
Ce système de vente pyramidal, du type «jeu de l’avion», a été vivement critiqué par l’Association belge de protection des consom-mateurs Test-Achats, lors du lancement de la campagne ACN en Belgique. Arrivée en Suisse au printemps 2004, la société non cotée en bourse a provoqué une levée de bouclier dans la presse spécialisée alémanique. «Nous avons refusé d’inscrire cet opérateur sur notre site en raison de son opacité», explique de son côté Didier Divorne, le spécialiste des télécommunications du site allo.ch.
D’un point de vue juridique, les techniques de vente frauduleuses concernent la loi fédérale sur la loterie et les paris professionnels. Le dossier est du ressort des polices cantonales. Dans les cantons de Vaud, les Police du commerce ont ouvert des enquêtes en automne 2004. Dans les deux cas, sans résultat.
Après avoir été contactée par La Gruyère, la Police du commerce du canton de Fribourg a décidé de dénoncer ACN à l’Office des juges d’instruction fribourgeois, annonce son chef de service Alain Maeder. Malgré de nombreux appels, le porte-parole d’ACN n’a pas voulu répondre à nos questions. Pendant ce temps, le recrutement de nouveaux représentants se poursuit en Gruyère.


L’amende, voire la prison
Reto Brand, chef de la section loterie et paris professionnels de l’Office fédéral de la justice, détaille la définition et les conséquences juridiques d’un système type «jeu de l’avion».

— A quel moment peut-on conclure à un système «boule de neige»?
Il n’y a pas de critères fixes. Un schéma «boule de neige» est avéré quand le produit vendu par une société n’est que l’alibi. Le véritable motif étant la recherche de nouveaux représentants. Mais d’autres critères peuvent également intervenir. Le système de prime, le nombre d’étages ou le prix des produits proposés. Dans le cas d’ACN, je sais qu’une enquête a été ouverte dans le canton de Zurich. Mais les pistes suivies se sont évaporées. Pour le canton de Vaud, je ne suis pas au courant.

— Si une fraude est avérée un jour, que risquent les représentants?
Quelqu’un qui accepte d’entrer dans un système frauduleux passe directement de l’état de victime à celui d’accusé. Dans ces cas-là, la loi prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 10000 francs ou une peine de prison de six mois au maximum. Mais, en définitive, cette responsabilité dépend du rôle joué dans le système. Il faut savoir également que les primes touchées doivent parfois être remboursées. Et que ce genre de délit figurera dans le casier judiciaire.



Apprendre à s’entraider
Avertie par un de ses lecteurs, La Gruyère a participé à une soirée ACN à l’Auberge du Cheval Blanc de Bulle. En présence d’une vingtaine d’auditeurs, le séminaire commence par une courte introduction télévisée. Pur produit de marketing américain, le film recourt habilement aux émotions pour décrire un monde de gagnants. On apprend que la société est en train de conquérir le marché des télécommunications à la vitesse grand V.
De 2 millions de dollars de chiffre d’affaires en 1997, l’entreprise a atteint aujourd’hui les 300 millions. Elle sera bientôt à 1 milliard! Le groupe serait en train de se tailler une large part du gâteau issu de la déréglementation du marché de la téléphonie fixe. Comment? Grâce à son système de vente dit «relationnel». La société serait en effet très généreuse avec ses représentants. Ceux-ci toucheraient un pourcentage sur les factures de téléphone des clients qu’ils auront réussi à démarcher. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg! Car un collaborateur qui parvient à former d’autres représentants touchera des primes et un pourcentage sur les factures des clients de «ses nouveaux représentants». Exemple: former dix représentants pourrait, selon ACN, rapporter jusqu’à 750 francs par mois. Vous en formez cent, vous changez de métier et vivez avec un salaire mensuel de 7500 francs!
Après la première heure de séminaire, les personnes qui n’auraient pas été conquises «sont priées de s’en aller»… Un couple se lève et quitte la salle. La deuxième heure est consacrée à la formation des convertis. En bref, pour être un «bon» représentant, tout le monde est un client potentiel. La famille, les amis, les collègues de travail. Comble de l’ironie, le formateur assure que travailler pour ACN n’est pas seulement une histoire d’argent. C’est aussi apprendre à s’entraider, à fonctionner en équipe. Des valeurs qui se perdent dans notre société d’individualistes…


Propos recueillis par
Marc Benninger
12 mai 2005

vendredi 9 mars 2007

LRTV révisée – Points principaux et nouveautés

LRTV révisée – Points principaux et nouveautés


La loi sur la radio et la télévision adoptée le 24 mars 2006 par le Parlement garantit un service public fort par l'intermédiaire de la SSR; de leur côté, les diffuseurs privés disposent désormais de plus de liberté. Par ailleurs, le soutien apporté aux diffuseurs locaux régionaux privés grâce à la répartition du produit de la redevance (splitting) a été renforcé.

L'axe central de la nouvelle loi sur la radio et la télévision (LRTV) est le maintien d'une offre suisse indépendante, qui couvre toutes les régions linguistiques grâce à des programmes d'égale valeur, et qui soit en mesure de tenir tête à des diffuseurs des pays voisins disposant de moyens financiers considérables. En outre, si la position de la SSR a été assurée, les télévisions et les radios privées suisses ont pour leur part été renforcées. Une large part de la loi concerne les aspects techniques de la diffusion de programmes de radio et de télévision, notamment les conséquences de la numérisation, mais des nouveautés importantes ont également été apportées dans d'autres domaines.

Diffuseurs privés et quote-part de la redevance

Les radios et les télévisions privées recevaient déjà une part du produit de la redevance de réception, lequel s’élève à environ 1,1 milliard de francs par année et revient en grande partie à la SSR. La nouvelle loi prévoit une quote-part plus élevée (art. 40): les diffuseurs privés de programmes de radio recevront 4% de la redevance de réception radio (environ 16 millions de francs contre 7 millions précédemment), et les diffuseurs privés de programmes de télévision 4% de le redevance de télévision (environ 28 millions contre 6 millions auparavant).Les montants alloués ne sont pas la seule différence entre le nouveau système de répartition et l’ancien. Afin de garantir une utilisation optimale du produit de la redevance, le Conseil fédéral entend concentrer le soutien apporté sur un nombre limité de diffuseurs privés. Ainsi, dans le domaine de la télévision, seuls dix à douze diffuseurs au maximum bénéficieront d’une quote-part. Celle-ci ne sera plus déterminée annuellement, mais fixée de manière forfaitaire pour plusieurs années, principalement en fonction de la taille et du potentiel économique de la zone de diffusion concernée.

Autres programmes privés

Hormis des concessions donnant droit à une quote-part, la nouvelle LRTV prévoit des concessions pour la diffusion de programmes par voie hertzienne terrestre (actuellement principalement sur OUC, à l’avenir également sur des plateformes numériques; art. 43). Les bénéficiaires de telles concessions devront eux aussi remplir un mandat de prestations. Désormais, la loi limite le nombre de concessions par entreprise de médias à deux pour la télévision, et à deux pour la radio (art. 44, al. 3). De plus, la diffusion de programmes sans concession sera autorisé : le diffuseur qui ne prétend ni à une quote-part de la redevance ni à un accès garanti par voie hertzienne terrestre peut émettre sans concession, pour autant qu’il en ait préalablement averti l’Office fédéral de la communication (art. 3, let. a). Dans ce cas, aucune redevance de concession n’est perçue. Les exploitants de réseaux de lignes ne sont pas non plus soumis à la redevance.En vertu de la nouvelle loi, tous les diffuseurs de programmes de télévision actifs à l’échelon national ou de la région linguistique (y compris les programmes sans concession) sont soumis à de nouvelles obligations. Ils doivent encourager les films suisses et rendre accessible aux malentendants et aux malvoyants une part appropriée de leurs émissions (art. 7).

SSR: nouveautés

La nouvelle loi non seulement garantit à la SSR le rôle qui lui était déjà dévolu, mais lui attribue aussi de nouvelles tâches. Ainsi, la SSR reçoit expressément le mandat de diffuser régulièrement des émissions éducatives. Elle devra désormais annoncer aussi les activités hors programmes (p. ex. en ligne) qui risquent de porter atteinte à la position ou à la mission d’autres entreprises de médias (art. 29). Quant aux études d’audience, elles seront dorénavant confiées à une fondation indépendante (art. 78).

Publicité et parrainage: nouveautés

La loi améliore les conditions générales applicables aux diffuseurs privés. Ainsi, les dispositions concernant les interruptions publicitaires et la publicité pour de l’alcool ont été assouplies. La publicité pour les alcools légers (p. ex. vin et bière) est autorisée dans les programmes de radio ainsi que dans les programmes de télévision locaux ou régionaux (art. 10, al. 1, let. c). Toutefois, la publicité pour de l’alcool reste interdite dans tous les programmes de la SSR. Le Conseil fédéral définira dans l’ordonnance d’autres restrictions pour la SSR (p. ex. relatives aux interruptions publicitaires; art. 14).La nouvelle loi contient également une disposition sur la protection des mineurs face à certaines formes de publicité et de parrainage (art. 13). Elle autorise le Conseil fédéral à prendre des mesures particulières à l’encontre des formes de publicité qui ne garantissent pas une séparation claire entre partie rédactionnelle et publicité (art. 9, al. 1).

Transmission radio et conditionnement technique

La réglementation des questions complexes que soulève la technologie numérique dans le domaine de la transmission et du traitement des programmes occupe une large place. La loi encourage en particulier la convergence croissante des télécommunications et de la radio-télévision, des domaines jusqu’ici séparés. Le domaine de la transmission sera réglementé dans son ensemble par la loi sur les télécommunications (LTC). La nouvelle LRTV veille à ce que, dans ce contexte convergent, les médias audiovisuels disposent de suffisamment de fréquences. Des dispositions spéciales assurent aux concessionnaires un accès à une diffusion hertzienne terrestre et filaire. Par ailleurs, une diffusion sur des lignes peut être admise pour d’autres offres nationales ou étrangères si celles-ci contribuent dans une certaine mesure à l’exécution du mandat de prestations constitutionnel.

Autres nouveautés

En bref, voici certains aspects des nombreuses autres nouveautés:

Le champ d’application de la LRTV est défini de manière plus détaillée. Il inclut expressément les programmes diffusés sur l’internet, mais exclut les services de faible portée journalistique (art. 1).
L’obligation relative à la diversité de l’information ne s’applique qu’aux diffuseurs au bénéfice d’une concession (art. 4, al. 4).
L’obligation de diffuser certaines déclarations officielles et d’accorder aux autorités un temps d’émission (comme le prévoyait l’art. 6, al. 3, let. c, LRTV 1991) a été abrogée. En revanche, l’obligation de diffuser les communiqués de la police ainsi que les alertes est maintenue (art. 8).
La nouvelle loi contient une disposition détaillée concernant la conservation à long terme des programmes (dépôt légal) et rend possible des mesures de soutien visant à conserver les appareils de lecture (art. 21).
La Confédération rembourse à la SSR la moitié au moins des frais occasionnés par l’offre destinée à l’étranger (art. 28).
La loi prévoit pour la SSR des prescriptions précises sur l’utilisation des ressources financières (art. 35) et sur la surveillance financière (art. 36).
Les concessionnaires radio qui doivent assumer des frais supplémentaires occasionnés par la diffusion par voie hertzienne terrestre de leurs programmes dans les régions de montagne bénéficient désormais d’un soutien de la caisse fédérale (art. 57).
Les contributions d’investissement versées aux concessionnaires pour l’introduction de nouvelles technologies, notamment numériques, peuvent aller jusqu’à 1% du produit total de la redevance (art. 58).
Il appartient au Conseil fédéral de déterminer dans quelles conditions les appareils multifonctionnels (comme les ordinateurs) entraînent une obligation de payer la redevance (art. 68, al. 1).
Le droit à l’extrait dont jouissent les diffuseurs de programmes a été renforcé pour les événements publics faisant l’objet d’un contrat d’exclusivité entre l’organisateur et d’autres diffuseurs (art. 72).

Plusieurs mesures ont été prises pour lutter contre la concentration des médias (art. 75).
La loi délimite plus clairement les responsabilités de l’Office fédéral de la communication (OFCOM) et de l’Autorité indépendante d’examen des plaintes en matière de radio-télévision (AIEP). Cette dernière n’a plus compétence que pour traiter les plaintes concernant la partie rédactionnelle d’un programme (art. 83, al. 1, let. a). Elle ne s’occupe plus des plaintes relatives à la publicité (p. ex. politique).
Il appartient désormais à l’AIEP de trancher les litiges portant sur le refus d’accorder l’accès à un programme (art. 94). Ses délibérations sont publiques (art. 97).
Il n’est plus nécessaire que chaque diffuseur dispose d’un organe de médiation. L’AIEP désigne un organe de médiation indépendant pour chacune des trois langues nationales. La loi prévoit que seule la SSR sera dotée d’organes de médiation propres (art. 91).
La loi modifie les instruments de surveillance. En particulier, elle prévoit de possibles sanctions administratives (art. 90).
La protection juridique des diffuseurs est renforcée. Ceux-ci peuvent désormais s’adresser à une instance judiciaire (le Tribunal fédéral) si le Département leur refuse une concession.
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lundi 5 mars 2007

Comment sauvegarder ses données vitales

Comment sauvegarder ses données vitales


PROTECTION. Des solutions simples permettent d'éviter le cauchemar de la perte de milliers de photos et de textes sur son ordinateur.



Anouch Seydtaghia
Lundi 5 mars 2007



Sauvegarder ses données informatiques? Voilà une opération qui semble a priori bien fastidieuse et surtout inutile: stockées confortablement sur le disque dur de votre ordinateur, photos, documents texte et vidéos semblent à l'abri de tout souci. Mais ce n'est hélas qu'une illusion. Il arrive parfois que les disques durs, pourtant des supports très fiables, crashent et rendent la récupération des données impossible. Bien plus souvent, c'est évidemment l'utilisateur qui est en cause, en effaçant malencontreusement des données sensibles. Pour s'éviter le drame de la perte de milliers de photos de vacances et d'années de comptabilité, voici quelques astuces simples. Mieux vaut les combiner pour une efficacité totale.

- Le coup de pouce de Windows

Perdu au fin fond de Windows XP, un petit utilitaire s'avère particulièrement pratique. Pour l'utiliser, il faut cliquer sur «démarrer», puis «Programmes», «Accessoires», «Outils système» et enfin «Utilitaire de sauvegarde». Ce logiciel va vous proposer de sauvegarder les fichiers essentiels, tels le dossier «Mes documents» et les favoris du navigateur internet, l'entier de l'ordinateur, ou certains fichiers très précis. Un fichier de backup sera ensuite créé, lors d'un processus qui durera facilement une heure selon le volume des informations à traiter. Pour les têtes en l'air, il est possible, dans les options avancées, de planifier cette sauvegarde chaque semaine ou chaque mois par exemple. Voilà, vous avez créé votre fichier de backup, qui atteint certainement un volume de plusieurs gigaoctets (Go). Maintenant, il vous faut le stocker en lieu sûr.

- Sauver ses fichiers sur d'autres supports

La solution la plus simple consiste à acquérir un disque dur externe. Si certains appareils offrent des capacités de 20 à 40 Go, mieux vaut opter pour des disques durs offrant une grande capacité de stockage, et viser ainsi les 100 à 200 Go, surtout si vous voulez sauvegarder photos et vidéos. Les prix ont fortement baissé, et un modèle de 250 Go coûte désormais environ 200 francs. Il existe des disques durs portables, plus petits et offrant bien sûr moins de capacité, qui peuvent se transporter facilement dans une poche. Votre disque dur externe sera connecté au PC via le port USB 2.0 et disposera souvent d'une alimentation externe.

Une autre solution consiste en l'achat d'un lecteur ZIP, qui est capable d'enregistrer les données sur des disques de 100 ou 250 mégaoctets (Mo), par exemple. Un lecteur coûte 150 francs, alors qu'une disquette ZIP est vendue aux alentours de 20 francs.

Le plus simple est souvent de graver les données sur DVD: un disque simple couche (de 1,5 à 2 francs) permet de stocker 4,7 Go de données, un double couche 8,5 Go. Les nouveaux DVD Blu-Ray ont une capacité de 25 Go. A noter que tous ces disques ont une durée de vie limitée, que l'on estime à une dizaine d'années. Il est donc prudent, si c'est possible, de sauver ses données tant sur un disque dur externe que sur des DVD pour être parfaitement tranquille.

- Les solutions en ligne

Certaines sociétés permettent de stocker ses données en ligne. L'avantage majeur, c'est bien sûr de rendre ainsi disponibles ses documents depuis n'importe quel ordinateur connecté à Internet. L'inconvénient, c'est bien sûr la vitesse de transfert des données: l'exportation des fichiers vers un serveur distant prend de nombreuses minutes, et une liaison haut débit est bien entendu indispensable.

Parmi les solutions gratuites, signalons Gmail Drive (http://www.viksoe.dk/code/g...), une petite extension à la messagerie Gmail de Google, développée par un Danois, et qui permet de stocker à distance deux Go de données, avec une taille maximale par fichier de 10 Mo. Autre solution, Foreversafe (http://foreversafe.com) propose 10 Go de stockage gratuit, et aucune limite pour 39 euros par an.

De son côté, Neobe (http://www.neobe.com) propose un espace de stockage illimité pour 15 euros par mois. Enfin, le service «.Mac» d'Apple (http://www.apple.com/dotmac) offre plusieurs options de sauvegarde, également pour les propriétaires d'un PC.








Même rayés, CD et DVD peuvent être réparés
Anouch Seydtaghia
Bonne nouvelle pour les propriétaires de disques optiques rayés: un nouveau service existe depuis le début de l'année pour récupérer les données illisibles présentes sur leurs CD, DVD ou encore disques de jeux vidéo. Basée à Genève, la jeune société DVD Repair se propose de restaurer les disques endommagés. «Nous avons un taux de réussite proche de 100% lorsque la face de lecture est rayée en superficie ou en profondeur, explique Olivier Schmiechen, cofondateur de la société. Par contre, nous ne pouvons rien faire lorsque la face imprimée soit la sérigraphie, est abîmée.» Le concept de DVD Repair est simple: il suffit d'acheter une jaquette spéciale en grande surface (Migros, Manor ou encore Fnac), de glisser son disque à l'intérieur et de l'envoyer à la société. Les frais de port (aller et retour en cinq jours) et la réparation sont inclus dans le prix, soit 9,90 francs pour un disque. DVD Repair, qui assure la réparation de DVD pour plusieurs vidéoclubs, affirme traiter environ 5000 disques par mois.

La jeune société s'est aussi lancée dans la récupération de données stockées sur clés USB (49,90 francs par exemplaire). «Mais nous ne pouvons rien faire lorsque la clé a subi un choc lié à l'électricité statique, explique David Valette, cofondateur de DVD Repair. D'où l'importance de bien protéger l'embout de la clé.» A noter que la société assure aussi la récupération de données depuis des disques durs endommagés.