Anouch Seydtaghia et Frédéric Lelièvre Mercredi 12 décembre 2007 | ||
Le Temps: Où en sont les négociations avec Apple ( AAPL) concernant la commercialisation de l'iPhone? Carsten Schloter: Ce n'est pas parce que nous sommes leaders en Suisse qu'Apple nous choisira forcément... Si elle veut vendre ici 100000 ou 200000 appareils, la firme de Steve Jobs sait qu'elle pourra le faire quel que soit l'opérateur. Nous avons des avantages. Nos Swisscom ( SCMN.VX) Shops accueillent chaque année quatre millions de clients différents. Nous vendons déjà des Mac et des iPod. Enfin, il y a la couverture inégalée de notre réseau de téléphonie mobile à haut débit. - Un an après le début de Bluewin TV, de nombreux clients déplorent un service très mauvais. - Effectivement, 25% des clients subissent toujours des problèmes techniques. Chez eux, nous n'avions préalablement pas vérifié que le câblage interne de leur domicile était de qualité suffisante. Or il arrive que l'utilisation de la machine à laver fige l'image de leur téléviseur... Nous tentons de résoudre ces problèmes, et nous n'acceptons désormais que des clients pour qui le service fonctionnera parfaitement. - Spécialiste de la télévision numérique, Fastweb vous a-t-il aidé? - Oui, car un de nos grands défis est de fusionner nos réseaux en un seul, IP (internet protocol), pour baisser nos coûts de 300 millions de francs par an. Il permettra de faire transiter voix et données. Fastweb a dès le départ conçu son réseau en IP, et son expérience est très précieuse. Son directeur technique est devenu le nôtre. - En migrant vers un réseau IP, Swisscom n'aura plus besoin d'une grande partie de ses 1600 centraux... Or c'est là qu'investissent vos concurrents pour lancer des offres dégroupées. Quel sera leur avenir? - Dans nos centraux, nos concurrents ne peuvent proposer que la technologie ADSL 2+, qui offre un débit maximal de 20 mbit/s. D'ici quatre ou cinq ans, cette vitesse sera devenue nettement insuffisante. La technologie sera obsolète, et ces opérateurs n'auront pas le choix: ils devront profiter de leurs bases d'abonnés et se vendre à des câblo-opérateurs, à des opérateurs urbains privés, voire à Swisscom. C'est ce qui se passe aux Pays-Bas. - Vos concurrents, Sunrise le premier, affirment qu'il n'est pas possible de gagner de l'argent en revendant votre offre ADSL... - C'est faux. Nos revendeurs ont une marge brute de 30%. Sunrise ne fait que se plaindre pour pousser les autorités de régulation à faire baisser les tarifs de Swisscom. Lorsqu'une de nos lignes est dégroupée, nous ne recevons plus qu'une trentaine de francs par mois par client. Or nous investissons cette année environ 900 millions de francs dans notre réseau fixe. Cet argent est vital pour le réseau, donc pour la Suisse. Et nous n'avons aucun intérêt à couler nos revendeurs ADSL, ils nous permettent indirectement de contrer les câblo-opérateurs, nos plus dangereux concurrents. - Mais hormis Cablecom, vous faites face à 250 petits câblo-opérateurs avec des moyens limités... - Non, car ils se sont réunis en sept à huit groupes pour effectuer des achats et des investissements en commun. Et souvent, ils sont très innovants. A court terme, les câblo-opérateurs n'ont pas à effectuer des dépenses importantes pour augmenter massivement leurs débits Internet. Swisscom doit par contre effectuer des lourds investissements en VDSL et en fibre optique, ce qui nous redonnera, à moyen terme, un solide avantage concurrentiel. - Fin novembre, la Commission fédérale de la communication a décidé d'obliger Swisscom à fournir aux autres opérateurs un accès à haut débit réglementé. Allez-vous faire recours? - Oui, un recours sera déposé auprès du Tribunal administratif fédéral. Car une précédente décision de la Commission de recours pour les questions de la concurrence affirmait que Swisscom n'était pas dominant sur le marché suisse du haut débit. - D'après une récente étude de Comparis sur la téléphonie mobile, Swisscom est quasiment toujours plus cher que ses concurrents. Sera-ce toujours le cas? - Ce n'est pas vrai. Deux tiers de nos clients ont souscrit à Liberty (ndlr: 50 cts par heure d'appel), et ont sensiblement augmenté leur durée moyenne d'appel. Cela leur coûterait plus cher chez nos concurrents. Tout dépend des profils d'appels que vous comparez. Et si Comparis conseille souvent d'opter pour des offres prépayées, souvenez-vous que les Suisses aiment changer de téléphone. Or lorsqu'ils ont un abonnement, nous subventionnons leur téléphone à hauteur de 250 francs par an, sur deux ans - Comparis n'en tient pas compte. - Que dire à un petit actionnaire qui voit les activités de Swisscom s'étioler dans plusieurs domaines? - Qu'il est nécessaire que Swisscom investisse et prenne des risques. Même si le retour sur investissements est très long dans notre secteur, la rentabilité moyenne sur capital investi est toujours très attractive. - En 2008, le Conseil fédéral doit présenter un nouveau rapport sur la privatisation de Swisscom. Qu'espérez-vous? - Le management ne doit pas avoir de préférence pour une structure d'actionnariat particulière, tant qu'elle permet à l'entreprise de prendre les risques croissants liés à notre secteur. C'est cette capacité de prise de risque qui est la question centrale de la privatisation. Pour l'heure, les règles imposées par la Confédération ne sont pas une contrainte. La question est de savoir si la Confédération est prête à continuer d'assumer des risques entrepreneuriaux croissants. - Prévoyez-vous une baisse des effectifs de Swisscom en 2008? - Il est trop tôt pour le dire. En 2006 et en 2007, les nouveaux engagements ont plus que compensé les départs, notamment grâce à la création de nouveaux métiers liés au support. |
Hug! Ce blog reprend mes énigmes, sondages et questions existantielles de 3 forums.Avec, en plus, 2 - 3 bidules repris par-ci par-là.
dimanche 16 décembre 2007
«L'enjeu de la privatisation est la capacité à prendre des risques»
TELECOMS. Le directeur de Swisscom confirme les maladies de jeunesse de Bluewin TV.
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