vendredi 3 février 2012

Migros et ses augmentations du sucre et du lait: la réponse des paysans romands

Comme je l'avais annoncé lundi, Migros a augmenté le 1er février le prix du sucre et du lait avec des arguments douteux:


Migros annonce ce lundi (Migros Magazine n°5, page 29) une augmentation des prix du sucre, du lait et du beurre.
Pour le lait et certains produits laitiers, c'est suite à la décision de l'interprofession du lait, dont Migros et ELSA en font partie, de payer le kilo de lait 2 centimes de plus à partir du 1er février 2012, hausse qui sera répercutée sur le prix de vente.
Exemple: le litre de lait Valflora HP passera de 1.10 à à 1.15 fr. ...
Raisonnement de béotien: donc Migros se mettra entre 1 et 3 centimes dans la poche par litre de lait (Migros paye le producteur au kilo...)...
Concernant le sucre, l'explication est un peu plus douteuse:
"Du fait de mauvaises récoltes et d'une diminution des stocks, le prix du sucre augmente. Les produits  vendus à la Migros se composent avant tout de sucre suisse pour lequel le distributeur ainsi que ses entreprises industrielles doivent payer davantage. Cette hausse contraint Migros à augmenter le prix de ses articles contenant du sucre. Sont concernés les biscuits, bonbons, confitures, produits laitiers, boissons sucrées, sirops ainsi que, naturellement, le sucre dès le 1er février."
Le kilo de sucre cristallisé passera de 1.15 à 1.25 fr. ...
Alors là, faudra m'expliquer cette phrase:
"Du fait de mauvaises récoltes et d'une diminution des stocks..." en sachant que la récolte 2011 a été une année record (lire ici ):
1.85 million de tonne ont été récoltée soit une hausse de 20% en comparaison de la moyenne des cinq dernières années.
Il y a aussi ce rapport :
Campagne 2011
Rapport sur la transformation des betteraves dans les sucreries
d’Aarberg et de Frauenfeld
15ème semaine: 21.12.11 jusqu’ à la fin de la campagne 2011


Après exactement 98  jours d’activité, les machines se sont tues  le 27 décembre à la  sucrerie d’Aarberg. Depuis le 21 septembre, date du début de la campagne, ce sont près de 928'000 t de betteraves avec 18 % de teneur moyenne en sucre qui ont été traitées. A la fabrique de Frauenfeld, l’activité s’est légèrement prolongée et a pris fin le 29 décembre après 103 jours. En incluant les betteraves bio, le volume transformé atteint 926'000 tonnes pour une teneur moyenne en  sucre de 17.7 %.
Sous plusieurs aspects, 2011 aura été une campagne spéciale, caractérisée par un rendement élevé de betteraves d’excellente qualité. Dans l’ensemble, 1.85 million de tonne ont été récoltées, ce qui correspond à un rendement moyen de 92 t/ha. Les conditions météorologiques ont été particulièrement favorables en ce qui concerne la récolte, la livraison et la transformation des betteraves.
Pour les deux fabriques, le stockage des importantes quantités de sucre et la valorisation des pulpes ont représenté un réel défi.
Ainsi s’achève une excellente année sucrière. Les sucreries adressent leurs remerciements à toutes celles et tous ceux qui ont contribué à son bon déroulement et prennent définitivement congé de leurs lecteurs tout en leur adressant leurs meilleurs vœux pour une excellente nouvelle année.
Aarberg, 30.12.2010/bs
Donc Migros nous prend vraiment pour des...


Voici la réponse d l'AgorA, l'association des groupements et associations romands de l'agriculture:





Hausse du prix du sucre : Migros trompe les consommateurs

Hausse du prix du lait et du beurre : Migros vole les consommateurs 


AGORA - Lausanne, 1 er  février 2012.

 –  Dans son édition de lundi dernier, Migros Magazine annonce une hausse du prix du sucre, du lait et de certains produits laitiers dès le 1 er  février.  Les arguments du grand distributeur sont infondés, voire mensongers. AGORA réagit et conteste les pratiques de Migros, car elles mettent directement en cause l’agriculture et les exploitants. 

Pour justifier la hausse du prix du sucre (et de produits dérivés comme biscuits, bonbons, confitures,
boissons sucrées, sirops,…), Migros évoque d’une part de mauvaises récoltes et une baisse des stocks,
expliquant d’autre part qu’elle se fournit principalement en sucre suisse, « …pour lequel le
distributeur ainsi que ses entreprises industrielles doivent payer davantage ».

En Suisse, la récolte de betteraves 2011 a été une année record avec 1.85 million de tonnes, soit une
hausse de 20% en comparaison à la moyenne des cinq dernières années. Les sucreries d’Aarberg et de
Frauenfeld le confirment : « 2011 aura été caractérisée par un rendement élevé de betteraves
d’excellente qualité ».

Du fait de la libéralisation des marchés, le sucre suisse est arrimé au marché international. Migros a pris dernièrement des options d’achat à des prix élevés, cherchant à s’abriter d’une hausse du cours du sucre – qui ne s’est finalement pas concrétisée. Il faut donc bien que le grand distributeur trouve des arguments et des boucs émissaires  pour attraper son opération spéculative ratée. Le prix de la betterave sucrière suisse a été quasiment divisé par trois ces six dernières années. À double titre, il est ainsi faux de prétendre que le sucre suisse coûte plus cher.

L’interprofession du lait (IP-Lait, dont Migros et ELSA font partie) a décidé d’augmenter le prix
indicatif du kilo de lait de 2 centimes à partir du 1 er  février. Le distributeur répercute cette hausse sans
attendre, alors qu’il y a deux mois, lorsque le prix indicatif du lait a baissé de 4 centimes, Migros n’a
pas claironné de baisse de prix consécutive sur ses produits laitiers. Dès aujourd’hui, Migros n’hésite
donc pas à faire passer les consommateurs à la caisse, gonflant le prix de son litre de lait Valflora HP
de CHF 1.10 à CHF 1.15 – ou comment procéder à la multiplication des centimes du lait.

Dans ces hausses de prix, AGORA voit une manœuvre politique populiste qui affecte sournoisement l’image des métiers de la terre. L’an dernier, les ventes de Migros (CHF 21.045 mia au total) ont régressé de CHF 155 mio, soit 0.7%, alors que la fréquentation des magasins a augmenté. Migros a par ailleurs concédé une baisse moyenne de ses prix de 3.9% pour contenir les offensives des harddiscounters allemands. C’est davantage de ce côté qu’il faut aller chercher la réelle justification de ces
hausses de prix. C’est évidemment plus simple pour Migros de faire porter le chapeau à l’agriculture
suisse.

Renseignements : Walter Willener, Directeur AGORA, 079 689 31 06
Bon à savoir a contacté Migros. La réponse est à lire ici .
En allemand, il y a l'article des Schweizer Bauer à lire ici et cet article du Blick à lire ...




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