mardi 6 décembre 2011

Les échographies foetales commerciales : un scandale sanitaire ?

COMMUNIQUE DE PRESSE de Commission Nationale d’Echographie Obstétricale et Foetale

Les échographies foetales commerciales : un scandale sanitaire ?

Il suffit de cliquer sur Internet pour trouver des offres commerciales d’échographie pour les femmes enceintes. On leur propose, à Paris et dans 4 à 5 villes de province, pour des prix variant de 60 à 140 € des échographies en 3 ou 4 dimensions avec vidéo.

L’exposition aux ultrasons du foetus est, pour les prestations les plus chères, de 25 minutes. Ces échographies n’ont aucune finalité médicale mais sont uniquement destinées à donner aux parents une vidéo anténatale de leur enfant.

Dans le cadre d’une échographie médicale, le faisceau ultrasonore est constamment déplacé et l’exposition aux ultrasons de chaque zone du foetus est brève. Ce n’est pas le cas dans une échographie commerciale où il est nécessaire d’exposer en continu aux ultrasons des parties localisées du foetus, en particulier le crâne et les organes génitaux. Les risques d’exposition prolongée aux ultrasons ne sont pas nuls, tout particulièrement sur le cerveau et l’oeil du foetus, surtout au premier trimestre, ou si la patiente a de la température. Il a été démontré que les ultrasons produisent sur les tissus humains, un effet thermique et un effet mécanique. Ces effets dépendent de la durée de la fréquence et de la puissance de l’exposition aux ultrasons. Il est donc recommandé de limiter cette exposition au niveau le plus faible possible pour réaliser le meilleur diagnostic. Comme pour tout acte médical, il y a un bénéfice et un risque, si minime soit-il.

Le comité technique d’échographie a attiré l’attention des autorités sanitaires sur ce problème dès 2004.
L’académie de médecine, en octobre 2004, a donné un avis défavorable concernant cette pratique.

L’AFSSAPS a, le 25 avril 2005, donné un avis dans lequel elle commande aux femmes enceintes de « ne pas exposer inutilement leur foetus aux ultrasons » et préconise de réserver les échographies foetales à un usage médical. Un projet d’arrêté a été préparé pour modifier un texte datant de 1962 qui ne parle pas des ultrasons et pour cause, ils n’étaient pas utilisés encore en médecine !!!

La Commission Nationale d’Échographie Obstétricale et Foetale interpelle sans succès les autorités sanitaires pour faire en sorte que seuls médecins et sages-femmes pratiquent les échographies foetales. Faudra-t-il attendre que l’on publie des cas d’effet délétère des fortes expositions des foetus aux ultrasons pour faire cesser ces pratiques commerciales ?

Le bon sens indique que le foetus fragile ne doit pas être exposé inutilement et de façon prolongée aux ultrasons. Des commerçants sans scrupule n’en ont cure. Est-il normal que les autorités sanitaires restent sourdes aux appels répétés des professionnels ?


Pr. Jacques Lansac : 06.08.43.23.48
Président de la Commission Nationale d’Echographie Obstétricale et Foetale
Ancien Président du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français


À lire:
Les gynécologues contre les «échographies spectacles» du Figaro.



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