mardi 22 juin 2010

Les grands-mères sud-africaines regardent vers le Mondial

04 Décembre, 2009 - Heure de publication 15:19 GMT


Les grands-mères sud-africaines regardent vers le Mondial

L’équipe de Vakhegula Vakhegula, en Afrique du Sud, n’est pas une équipe comme les autres, l’ainé des joueurs a en effet 83 ans, et a trouvé dans le football un moyen de revivre.

L’équipe comprend près de 40 membres et se réunit deux fois par semaine pour un entraînement d’une heure.

La Coupe du monde de football se tenant en Afrique du Sud dans moins de six mois, l’excitation autour de cet évènement ne cesse de grandir.

Beaucoup de Sud-Africains espèrent en tirer un bénéfice ou jouer un rôle dans ce grand moment sportif.

Et ces "grands-mères" ne font pas exception.

Elles espéraient même jouer en première partie avant l’un des matches de la compétition mais l’Association sud-africaine de Football a refusé, expliquant que seules les équipes qualifiées seraient autorisées à jouer.

Mais ce refus n’a pas entamé l’enthousiasme de l’équipe des grands-mères.

Elles attendent au contraire avec impatience de voir jouer les professionnels pour apprendre de bonnes passes.

"Nous sommes vraiment impatientes de voir commencer la Coupe du Monde, moi je prie tous les jours pour que dieu nous prête vie jusque là… Ce sera un moment unique pour nous, en tant qu’équipe de footballeuses mais aussi pour tous les Sud-Africains", explique Mudjadji Makondo, 68 ans, une des attaquantes de l’équipe.

Vakhegula Vakhegula veut dire mamie dans la langue locale, le xitshonga.

Et ces femmes sont peut-être âgées, mais elles n’en sont pas moins passionnées.

L’une des milieux de terrain, Chrestina Machede, a même été surnommée Maradona, un surnom qu’elle dit devoir à sa passion sur le terrain et ses gestes typiques, rappelant ceux de la star argentine.

"Le football me détend, raconte-t-elle, je souffre d’hypertension mais, depuis que je joue, je suis en bien meilleure santé, je dors même mieux la nuit !".

A 61 ans, Chrestina Machede joue au football depuis deux ans et n’a pas l’intention d’arrêter de si tôt.

L’équipe se réunit sur le terrain du township de Nkowankowa, à environ 80 km de Polokwane, ou se jouera l’un des matches de la Coupe du Monde.

L’une des joueuses, Nora Makhubela, a survécu à six attaques et, pour elle, frapper dans le ballon lui a apporté une seconde chance dans la vie.

"Je sens que je suis en meilleure forme que les femmes de mon âge et même que certaines femmes de la moitié de mon âge parce que je m’entraine chaque semaine, ainsi je deviens plus forte", raconte-t-elle le sourire aux lèvres.

Le terrain de l’unité

A l’extérieur du terrain, ces femmes sont retraitées, travaillent de chez elle ou encore sont vendeuses des rues, offrant de tout, de l’artisanat fait main aux fruits et légumes locaux.

Pour Reineth Mushwana, 59 ans, le football a servi de lien entre les plus jeunes et les plus âgés dans cette communauté pauvre.

"Le jeu nous a rapprochés, on joue avec les plus jeunes et tout le monde s’amuse ; nous, nous les encourageons à jouer au foot car nous pensons que certains pourraient devenir nos futures stars du football !", insiste-t-elle.

Le soutien de leur famille est également primordial pour ces femmes.

"Les membres de nos familles viennent nous regarder jouer et ils nous encouragent ; cela me rend toujours très heureuse", avoue Mudjadji Makondo.

L’équipe a été créée en 2006 par Beka Ntsanwisi, après qu’elle a surmonté son cancer.

Selon elle, cette idée lui est venue après avoir constaté à quel point de nombreuses femmes de son âge souffraient de maladies chroniques.

"Moi-même j’ai été traitée pour un cancer des poumons à cette époque, explique-t-elle, "et à chaque fois que j’allais aàla clinique, je voyais tant de grands-mères qui souffraient d’hypertension, d’arthrite ou de diabètes, que je me disais que je devais faire quelque chose".

"Les médecins m’ont dit de rester en forme et de faire de l’exercice, malgré le traitement, et j’ai invité d’autres femmes de la communauté à se joindre à moi et à fonder un club de football pour que l’on s’entraine ensemble".

Beka Ntsanwisi raconte que plus de 80 femmes se sont inscrites immédiatement.

Vakhegula Vakhegula est l’équipe principale de la communauté de Limpopo mais au fur et à mesure des années d’autres équipes se sont créées et s’entrainent maintenant régulièrement.