jeudi 31 juillet 2008

Ni Stevie Wonder ni aucun autre artiste sur la place du Marché

VEVEY - One night in Vevey with… ne sera pas reconduit cette année malgré le succès du concert d’Elton John en septembre dernier.

CHRISTOPHE BOILLAT

Dès le départ ou presque d’Elton John de la scène de la place du Marché, le 8 septembre 2007, la ville de Vevey et son partenaire Arts Contacts, organisateur du concert, se sont remis à l’ouvrage dans le but de répéter l’opération. «Toujours avec la volonté de rechercher la qualité, le côté magique de l’idée, et d’offrir à un public multigénérationnel un show à des prix abordables», déclare Stefano Stoll, délégué culturel de la ville et instigateur du concept.

Las! Les multiples démarches entreprises par Charlotte Carrel, directrice d’Arts Contacts et du festival Rock Oz’Arènes à Avenches, n’ont rien donné. «Nous avons fait des offres à Springsteen, Radiohead, McCartney, Sting, Clapton, Bowie, Robbie Williams et Bryan Adams. Les disponibilités et les dates n’ont pas fonctionné. Alors que le cachet était acceptable pour Bowie, par exemple», précise la promotrice. «La sagesse est de mise»

Les forces se sont alors concentrées sur la venue possible de Stevie Wonder. Possible mais plutôt délicate. On sait depuis des lustres que Claude Nobs tente en vain de faire venir au Festival de jazz de Montreux l’une de ses idoles, celui qui a joué en 1984 au stade de la Pontaise à Lausanne. Le Mozart de la soul est en tournée, et bientôt en Europe. «Le management a fait monter les enchères, prenant Vevey pour une vache à lait», commente Pierre Smets. Et le délégué à la communication de la ville de Vevey d’affirmer que l’entourage du chanteur-pianiste aveugle a demandé «plus d’argent que pour ses prestations annoncées à Londres ou à Paris».

Le cachet exigé par l’entourage de «Little Stevie» atteignait 1 million de dollars (environ 1,07 million de francs suisses), pour un budget global de 2 millions de francs. Sans compter les taxes, notamment celle sur la billetterie (12% sur chaque ticket vendu). «Il vaut mieux renoncer plutôt que de prendre trop de risques et se planter. C’est mieux d’attendre. Dans ces cas-là, la sagesse est de mise», estime Charlotte Carrel. Il a finalement été décidé hier de renoncer à l’édition 2008 de One night in Vevey with… «Ce n’est que partie remise. Le concept est nouveau et doit convaincre. Mais nous sommes persuadés qu’il est bon. Notre seule erreur est d’avoir donné rendez-vous tous les ans alors que les impératifs et les contraintes sont nombreux. On vient de s’en rendre compte», convient Stefano Stoll.

Reste également à savoir si la ville n’aurait pas dû faire jouer la concurrence entre les promoteurs pour être sûre de proposer un concert en septembre. «Nous avons toute confiance en Charlotte Carrel, qui montera un autre spectacle, à n’en pas douter, à l’avenir. Et puis nous ne voulons pas que la place du Marché se mue en champ de bataille pour promoteurs», conclut Pierre Smets.

jeudi 17 juillet 2008

AGROGLYPHE - Avec un premier crop circle à Morrens, l’été vaudois s’annonce géométrique

24 Heures - Detail Vaud - AGROGLYPHE - Avec un premier crop circle à Morrens, l’été vaudois s’annonce géométrique

Avec un premier crop circle à Morrens, l’été vaudois s’annonce géométrique

AGROGLYPHE | 00h30 Un pilote d’avion a découvert hier un nouveau «cercle de culture» dans un champ de Morrens.

DESTRUCTION: Auguste Elie Borgeaud peine à comprendre ces gens qui détruisent «par plaisir». Interloqué, il parcourt son champ de blé dévasté, encore sous le coup de l’émotion. Selon lui, rien ne dit que la batteuse saura relever les épis aplatis.MORRENS, LE 16 JUILLET 2008

NICOLAS VERDAN TEXTES, CORINNE AEBERHARD PHOTOS | 17 Juillet 2008 | 00h30

Auguste Elie Borgeaud ne dit toujours rien. Voilà cinq minutes qu’il parcourt ce qui ressemblait, mardi encore, à son champ de blé. Une belle surface cultivée, sur la commune de Morrens, qui vient de subir une curieuse métamorphose, laissant son propriétaire sans voix. A intervalles réguliers, le blé est couché, à raz le sol, suivant des cercles concentriques. A hauteur d’homme, le triste spectacle d’une culture aplatie. Vu du ciel, le phénomène est tout autre. Il porte un nom: crop circle , agroglyphe en bon vaudois.

C’est précisément dans les airs que ce nouvel épisode de la série estivale des «cercles de culture» a été repéré. Survolant hier matin la région d’Echallens dans son petit avion, Grégoire Guhl aperçoit soudain un curieux motif géométrique dans un champ situé à la lisière de la forêt des hauts d’Assens. Un crop circle, pas de doute, dont le tracé évoque un symbole chimique, comme on en trouve dans les livres de science.

«Si au moins il était beau»

Le pilote amateur réalise quelques clichés, histoire d’immortaliser une œuvre par définition éphémère. Comme un mandala tibétain, les crop circle finissent par être effacés. Le plus souvent avant même que la nature ne s’en mêle. A Corcelles-près-Payerne, en juillet 2007, près de cinq mille curieux avaient eu le temps d’admirer un crop circle avant que la faux mette un terme à son exposition champêtre.

Retour sur terre, avec Auguste Elie Borgeaud, rejoint par son fils, Pierre-Louis. Informé par nos soins, l’agriculteur poursuit son examen en silence. Premier commentaire, sous le coup d’une émotion toute rentrée, à la vaudoise: «Ah ouais, ils ont fait des dégâts…»

«Ils?» Auguste Elie Borgeaud ne se perdra pas en conjectures. Il a déjà entendu parler des crop circle, il n’est pas surpris. Juste ennuyé que cela lui arrive à lui, dans son champ. «Si au moins ils avaient fait ça beau, comme à Dommartin», lâche son fils. Visiblement, la famille Borgeaud est au fait. Les crop circle n’ont pour eux, rien d’extraterrestre. «A force que les médias en parlent», explique Auguste Elie.

«Plaisir de détruire»

Dans le champ encore humide des dernières pluies, les Borgeaud ne sont pas seuls. Un représentant de produits agricoles est venu voir de plus près: «C’est du bricolage, il y a des ronds plus ou moins jolis.» Un avis esthétique renforcé par un constat plus technique: «Si tu n’avais pas traité le blé avec un produit rarcourcisseur, ils auraient moins de peine à coucher les épis.»

Un emplacement stratégique

Mesurant désormais l’étendue des dégâts, Auguste Elie Borgeaud montre les premiers signes de colère: «C’est bizarre, ce plaisir de détruire.» Difficile de chiffrer les pertes, assure l’agriculteur, qui estime la surface détruite à 3500 m2. «C’est mal fait, soupire Auguste Elie. Parce que du blé, aujourd’hui, on en a besoin.» Trop tôt pour dire s’il portera plainte.

Le choix de l’emplacement du crop circle, en contrebas de la route reliant Morrens à Echallens, pourrait ne rien devoir au hasard. Les automobilistes ou les cyclistes ont en effet une vue plongeante sur le champ. De quoi avoir un premier aperçu des figures géométriques. Soit l’un des objectifs toujours visés par les auteurs de crop circle. A leur souci d’anonymat correspond un désir d’être admirés dans leur œuvre.

Chez les Borgeaud, l’idée d’organiser des visites de leur champ n’a pas germé. Ils se passeraient bien d’une telle publicité, comme le laisse entendre le fils, Pierre-Louis. Pour ces derniers paysans de Morrens – il en reste trois et demi, selon les termes d’Auguste Elie – la campagne n’est pas un terrain de jeu. Quand viendront les moissons, il faudra jouer d’habileté avec la batteuse. Tout ça de travail en plus pour ne pas perdre le blé précieux.

mercredi 16 juillet 2008

MARCHANDAGE - Avec l'iPhone, Swisscom joue au marchand de tapis

24 Heures - Lausanne detail - MARCHANDAGE - Avec l'iPhone, Swisscom joue au marchand de tapis

Avec l'iPhone, Swisscom joue au marchand de tapis

MARCHANDAGE | 01h25 Infos contradictoires sur de nouveaux arrivages, offres tout sauf linéaires, l'appareil d'Apple se vend avec des méthodes dignes des souks.

AP | PRODUIT: Les iPhone arrivent à doses mesurées, dans un marché où le client est captif du bon vouloir d'Apple et des grands opérateurs. Le manque de formation des vendeurs est aussi mis en cause.NEW YORK, LE 11 JUILLET 2008

NICOLAS VERDAN | 16 Juillet 2008 | 01h25

Tous les jours, les mêmes questions: «Vous avez l’iPhone? Il arrive quand? A quel tarif puis-je l’acquérir en renouvelant mon abonnement?» Soupirs. Au magasin Swisscom des Terreaux, lundi soir, cinq clients tournent en rond avec leur ticket d’attente. Tous n’ont qu’une idée en tête: le nouvel objet du désir produit par Apple. Tous partagent la même frustration: pas d’iPhone en stock. En revanche, tous ressortiront avec une somme d’informations contradictoires de la part des vendeurs: «Un mois d’attente» pour le premier, «peut-être deux semaines» pour le second. Ainsi de suite jusqu’au cinquième, qui se fera dire, sous le sceau de la confidence: «Ne dites surtout pas que c’est moi qui vous l’ai dit, mais il y a un arrivage jeudi matin. Soyez parmi les premiers et vous avez de bonnes chances de l’avoir.»

Devant l’air interloqué du client, le vendeur ajoute, quasi en chuchotant: «Allez même voir, jeudi aussi, au magasin Swisscom de la gare. Ils ouvrent plus tôt et il y aura un autre arrivage.»

Vérification faite dans la boutique de l’opérateur sise dans les anciens locaux des guichets CFF, «aucun arrivage n’est prévu jeudi». Concernant l’éventualité d’un prix d’achat préférentiel offert aux bons clients Swisscom, là encore, même confusion: «Oui, dès le mois d’août, nous pourrons faire des offres.»

D’un magasin à l’autre, les prix avancés sont différents. Et quand on demande au vendeur comment il explique la distribution, constipée, des iPhone, la réponse fuse: «Vous imaginez les problèmes de sécurité si nous en recevions plus d’une centaine dans cette petite boutique? Cela représenterait une telle somme d’argent! De quoi attirer des voleurs…»

«La faute à Apple»

Perdu, le client, avec l’impression d’être entré dans un souk. Swisscom assume-t-elle ces nouvelles méthodes de vente, proches du marchandage, où tout semble se négocier dans la plus grande confusion sur la fourniture des stocks et les tarifs? «Pas du tout, rétorque Christian Neuhaus, porte-parole. Le ton confidentiel du vendeur qui annonce un arrivage ne relève d’aucune stratégie marketing. Il a agi de sa propre initiative. Concernant l’approvisionnement, c’est vrai que nous avons des arrivages chaque semaine. C’est Apple qui détermine la quantité d’appareils livrés. Quant aux offres d’achat faites aux abonnés actuels, oui, c’est prévu et nous l’avons fait savoir.»

Au compte-gouttes chez les revendeurs Apple

Du côté des revendeurs Apple, directs et indirects, l’iPhone arrive au compte-gouttes, ou il n’a pas encore fait son apparition. Comme chez Mémoire Vive, à Lausanne, où seul le support de la petite merveille technologique a été livré. «Nous devrions recevoir le premier appareil aujourd’hui, pour la démo», explique Pierre Lassinat, vendeur. Mémoire Vive ne dispose d’aucune information précise sur la disponibilité en appareils. Mais elle n’en joue pas sur le plan marketing. Dans ce magasin, l’opérateur concerné est Orange. A ce propos, la même rumeur court déjà depuis quelques semaines. Sur les 20?000 iPhone livrés en Suisse, 15?000 iraient à Swisscom et 5000 à Orange. Invérifiable.



«Manque de transparence»

Pour Stéphane Koch, spécialiste en technologie de l’information, «les clients de Swisscom, d’Orange et d’Apple sont confrontés à un coupable manque de transparence de la part de ces sociétés». Et de fustiger en premier lieu le manque de formation des vendeurs: «On l’observe chez les deux principaux opérateurs, le personnel est mal informé sur l’iPhone. Tant sur le produit et les plans tarifaires que sur la relation entre Swisscom et Apple.» Il en résulterait une plus ou moins grande marge de manœuvre du vendeur, qui explique les variations de prix et les infos contradictoires sur les arrivages.

Fin connaisseur du marché de la téléphonie mobile et du multimédia, Stéphane Koch avoue qu’il n’a toujours pas acheté l’iPhone. Il attend encore des informations tarifaires que Swisscom, «malgré toute sa bonne volonté», n’est pas en mesure de lui fournir. Pour ce spécialiste, «le client est captif d’un système à la noix, orienté vers l’intérêt de la firme et non le sien. Alors qu’avec son abonnement, le client est aussi un actionnaire des grands opérateurs.»