dimanche 16 décembre 2007

«L'enjeu de la privatisation est la capacité à prendre des risques»

TELECOMS. Le directeur de Swisscom confirme les maladies de jeunesse de Bluewin TV.






Anouch Seydtaghia et Frédéric Lelièvre
Mercredi 12 décembre 2007




Le Temps: Où en sont les négociations avec Apple ( AAPL) concernant la commercialisation de l'iPhone?

Carsten Schloter: Ce n'est pas parce que nous sommes leaders en Suisse qu'Apple nous choisira forcément... Si elle veut vendre ici 100000 ou 200000 appareils, la firme de Steve Jobs sait qu'elle pourra le faire quel que soit l'opérateur. Nous avons des avantages. Nos Swisscom ( SCMN.VX) Shops accueillent chaque année quatre millions de clients différents. Nous vendons déjà des Mac et des iPod. Enfin, il y a la couverture inégalée de notre réseau de téléphonie mobile à haut débit.

- Un an après le début de Bluewin TV, de nombreux clients déplorent un service très mauvais.

- Effectivement, 25% des clients subissent toujours des problèmes techniques. Chez eux, nous n'avions préalablement pas vérifié que le câblage interne de leur domicile était de qualité suffisante. Or il arrive que l'utilisation de la machine à laver fige l'image de leur téléviseur... Nous tentons de résoudre ces problèmes, et nous n'acceptons désormais que des clients pour qui le service fonctionnera parfaitement.

- Spécialiste de la télévision numérique, Fastweb vous a-t-il aidé?

- Oui, car un de nos grands défis est de fusionner nos réseaux en un seul, IP (internet protocol), pour baisser nos coûts de 300 millions de francs par an. Il permettra de faire transiter voix et données. Fastweb a dès le départ conçu son réseau en IP, et son expérience est très précieuse. Son directeur technique est devenu le nôtre.

- En migrant vers un réseau IP, Swisscom n'aura plus besoin d'une grande partie de ses 1600 centraux... Or c'est là qu'investissent vos concurrents pour lancer des offres dégroupées. Quel sera leur avenir?

- Dans nos centraux, nos concurrents ne peuvent proposer que la technologie ADSL 2+, qui offre un débit maximal de 20 mbit/s. D'ici quatre ou cinq ans, cette vitesse sera devenue nettement insuffisante. La technologie sera obsolète, et ces opérateurs n'auront pas le choix: ils devront profiter de leurs bases d'abonnés et se vendre à des câblo-opérateurs, à des opérateurs urbains privés, voire à Swisscom. C'est ce qui se passe aux Pays-Bas.

- Vos concurrents, Sunrise le premier, affirment qu'il n'est pas possible de gagner de l'argent en revendant votre offre ADSL...

- C'est faux. Nos revendeurs ont une marge brute de 30%. Sunrise ne fait que se plaindre pour pousser les autorités de régulation à faire baisser les tarifs de Swisscom. Lorsqu'une de nos lignes est dégroupée, nous ne recevons plus qu'une trentaine de francs par mois par client. Or nous investissons cette année environ 900 millions de francs dans notre réseau fixe. Cet argent est vital pour le réseau, donc pour la Suisse. Et nous n'avons aucun intérêt à couler nos revendeurs ADSL, ils nous permettent indirectement de contrer les câblo-opérateurs, nos plus dangereux concurrents.

- Mais hormis Cablecom, vous faites face à 250 petits câblo-opérateurs avec des moyens limités...

- Non, car ils se sont réunis en sept à huit groupes pour effectuer des achats et des investissements en commun. Et souvent, ils sont très innovants. A court terme, les câblo-opérateurs n'ont pas à effectuer des dépenses importantes pour augmenter massivement leurs débits Internet. Swisscom doit par contre effectuer des lourds investissements en VDSL et en fibre optique, ce qui nous redonnera, à moyen terme, un solide avantage concurrentiel.

- Fin novembre, la Commission fédérale de la communication a décidé d'obliger Swisscom à fournir aux autres opérateurs un accès à haut débit réglementé. Allez-vous faire recours?

- Oui, un recours sera déposé auprès du Tribunal administratif fédéral. Car une précédente décision de la Commission de recours pour les questions de la concurrence affirmait que Swisscom n'était pas dominant sur le marché suisse du haut débit.

- D'après une récente étude de Comparis sur la téléphonie mobile, Swisscom est quasiment toujours plus cher que ses concurrents. Sera-ce toujours le cas?

- Ce n'est pas vrai. Deux tiers de nos clients ont souscrit à Liberty (ndlr: 50 cts par heure d'appel), et ont sensiblement augmenté leur durée moyenne d'appel. Cela leur coûterait plus cher chez nos concurrents. Tout dépend des profils d'appels que vous comparez. Et si Comparis conseille souvent d'opter pour des offres prépayées, souvenez-vous que les Suisses aiment changer de téléphone. Or lorsqu'ils ont un abonnement, nous subventionnons leur téléphone à hauteur de 250 francs par an, sur deux ans - Comparis n'en tient pas compte.

- Que dire à un petit actionnaire qui voit les activités de Swisscom s'étioler dans plusieurs domaines?

- Qu'il est nécessaire que Swisscom investisse et prenne des risques. Même si le retour sur investissements est très long dans notre secteur, la rentabilité moyenne sur capital investi est toujours très attractive.

- En 2008, le Conseil fédéral doit présenter un nouveau rapport sur la privatisation de Swisscom. Qu'espérez-vous?

- Le management ne doit pas avoir de préférence pour une structure d'actionnariat particulière, tant qu'elle permet à l'entreprise de prendre les risques croissants liés à notre secteur. C'est cette capacité de prise de risque qui est la question centrale de la privatisation. Pour l'heure, les règles imposées par la Confédération ne sont pas une contrainte. La question est de savoir si la Confédération est prête à continuer d'assumer des risques entrepreneuriaux croissants.

- Prévoyez-vous une baisse des effectifs de Swisscom en 2008?

- Il est trop tôt pour le dire. En 2006 et en 2007, les nouveaux engagements ont plus que compensé les départs, notamment grâce à la création de nouveaux métiers liés au support.

Le Matin Online > Poker: on peut organiser des tournois! - Actu > Suisse

Le Matin Online > Poker: on peut organiser des tournois! - Actu > Suisse: "Poker: on peut organiser des tournois!"

Poker: on peut organiser des tournois!

Alors que la pokermania continue à déferler sur la Suisse, l'organisation de tournois avec mises d'argent était interdite. C'est aujourd'hui possible sous certaines conditions

Renaud Michiels - 14/12/2007
Le Matin

Le poker est-il libéralisé?
«Des tournois de poker joués pour de l'argent peuvent, suivant les modalités du jeu, être légaux.» L'annonce, jeudi, de la Commission fédérale des maisons de jeu (CFMJ) a mis les fans en ébullition. Alors, fini la prohibition? «Le poker n'est pas libéralisé», indique Jean-Marie Jordan. Mais peut être autorisé sous certaines conditions. «Lorsque le gain dépend de façon prépondérante de l'adresse du joueur», précise le président de la commission. En clair, quand le talent du joueur l'emporte sur le hasard des cartes.

Alors, qu'est-ce qui est permis?

Cash games Chacun achète des jetons - sa «cave» - et les joue à sa guise. Lorsqu'il n'en a plus, il peut en reprendre. Les pertes sont théoriquement illimitées. «L'organisation de cette forme de poker reste illégale», note Jean-Marie Jordan.

Tournois Chacun place une somme de départ et reçoit ses jetons. Celui qui n'en a plus est éliminé. Et ce jusqu'à ce qu'il ne reste que le vainqueur. Seuls les premiers obtiennent des gains. Les autres perdent leur mise de départ. «L'organisation de ce type de tournoi est soumise à un examen par la CFMJ», commente Jean-Marie Jordan. Un dossier doit être envoyé à la CFMJ, qui statue en quelques semaines. Il en coûte 300 à 400 fr. En cas de feu vert, il faut encore une autorisation du canton.

Critères Nombre de participants, structure des «blinds», répartition des prix: tous les critères sont sur le site de la CFMJ. L'idée est que les règles permettent aux meilleurs joueurs de l'emporter. www.esbk.admin.ch

Qu'en pensent les fans «Je suis très content que le poker sorte de l'illégalité, commente Christophe Mirabile, grand spécialiste et fondateur de la Ligue suisse du poker. Et, avec un cadre clair et détaillé, ça évitera surtout que des joueurs se retrouvent dans un tournoi avec des personnes louches. Ou des organisateurs qui partent avec la caisse...»

En attendant, je peux jouer où?

CASINOS Presque tous les casinos helvétiques ont des tables de poker. Elles sont prises d'assaut par les adeptes. Réservé aux plus de 18 ans.

INTERNET En Suisse, il est interdit d'organiser sur le Web un tournoi avec des mises de départ et des gains. Jouer, par contre, n'est pas punissable. Des milliers de Suisses ne s'en privent pas: une vraie folie! Notons que la Swiss Poker League a trouvé le moyen de mettre sur pied des championnats légaux sur Internet: il n'y a ni frais d'inscription ni de participation. Mais les gains sont réels! www.pokerleague.ch

AUTOUR D'UNE TABLE Sauf autorisation, les parties dans les arrière-salles de bistrots, tripots clandestins ou avec des amis sont prohibées si de l'argent est en jeu. L'organisateur est théoriquement punissable d'une amende allant jusqu'à 500 000 francs. Le simple joueur risque seulement de voir ses mises et gains confisqués. Les tournois sont toutefois légaux s'il n'y a pas de mise de départ. Ou pas de gains: si la recette est reversée à une oeuvre de bienfaisance, par exemple.

C'est quoi, le poker «Texas hold'em»?
Popularisé par le chanteur et champion du monde de poker Patrick Bruel, par les multiples retransmissions télévisées d'Eurosport ou de RTL9 et par Internet: le Texas hold'em est la variante de poker la plus jouée du monde. Et en Suisse. Impossible de connaître le nombre de joueurs, mais il s'agit d'une vraie déferlante! Le hold'em est même enseigné aux Ecoles-clubs Migros.

Joueur Le hold'em n'a besoin que de quelques minutes pour être appris. Et d'une vie pour le maîtriser, aiment répéter les amateurs. Un bon joueur doit allier stratégie, psychologie, expérience et capacité de calcul.

Matériel Pour jouer, il suffit d'un jeu classique de 52 cartes.

Cinq cartes D'abord trois (flop), puis une (turn), puis une dernière (river): cinq cartes sont abattues au centre du tapis. Elles sont visibles de tous. Et utilisables par tous. Les joueurs peuvent enchérir entre chaque abattage.

Deux cartes Chaque joueur reçoit deux cartes personnelles. Il est le seul à les voir.

Jetons Aussi appelés «chips», ils représentent l'argent que l'on a à sa disposition pour miser. En tournoi, quand on n'en a plus, on est éliminé.

Règles Comme dans le poker classique, celui qui a la meilleure combinaison de cinq cartes l'emporte. Sauf s'il a abandonné en cours de partie. Chaque joueur se crée sa combinaison avec ses deux propres cartes et celles du milieu.

Le rêve Une quinte flush royale, soit une suite de cinq cartes de la même couleur!